Des paysages cauchois enfumés aux anas de lin
Pour le festival du lin et de la fibre artistique qui aura lieu les 7, 8 et 9 juillet, Myriam Elmassian présentera une série de pièces en céramique représentant des paysages cauchois ayant la particularité d’avoir été enfumées avec des anas de lin.
Myriam Elmassian travaillait depuis plusieurs années dans la haute couture à Paris quand elle s’est tournée en 1993 vers la céramique. Installée dans la région depuis 2003, elle vit à Crasvillela-Roquefort depuis trois ans, dans un bel écrin de verdure. Elle se consacre aujourd’hui entièrement à la céramique et enseigne la connaissance de cet art ancestral qui croise le feu avec la terre à Saint-Valéry-en-Caux, Luneray et Dieppe.
Le raku
Le festival du lin, elle le connaissait en tant que visiteuse assidue depuis plusieurs années et en appréciait « les belles installations » . Puis, l’envie l’a prise de participer à l’art du fil. Ce souhait lui vient sans doute de son expérience de la couture. Le textile, ça la connaît. Mais maintenant qu’elle travaille la terre… Comment lier le lin et la céramique ? Réponse : le raku.
La technique du raku, d’origine japonaise, consiste à faire subir à la pièce un choc thermique important. Sortie d’un four chauffant à 1 000 degrés, la pièce en fusion peut être immédiatement jetée dans un sceau rempli de copeaux de bois. Suite au changement brutal de température, des craquelures vont se former sur la pièce, lesquelles noirciront en raison de l’enfumage provoqué au contact de la sciure. Eurêka donc, il suffit de remplacer les copeaux de bois par des anas de lin, ce qui reste du lin lorsque la fibre en a été extraite, et le tour est joué.
Myriam Elmassian a trouvé une façon typiquement normande de faire de la céramique, l’inscrivant dans le fil du lin. Et passer par la technique du raku japonais, ajuster celle- ci au terroir cauchois en pratiquant l’enfumage grâce aux anas de lin, voilà qui rappelle la haute couture.
Les créations de la céramiste, une soixantaine de pièces au total, représentent divers as- pects du paysage cauchois en miniature sur des carreaux d’une surface de 10 cm2 environ (clos- masures, champs de lin, mer et falaises, petits villages…). En raison de la réduction des éléments à la hauteur d’un pouce et sans doute aussi de l’émail brillant qui recouvre le paysage craquelé par endroits, l’impression est donnée d’un petit bout de pays fragile, délicat et précieux.
Changement d’échelle
Parce qu’on a l’air d’un géant passant au-dessus d’un monde de fourmis. Comme si l’on survolait la terre en avion ou que l’on était soi-même un enfant s’apprêtant à jouer avec des maisons, des arbres et des chemins… Car tout minuscule que puisse être ou paraître le Pays de Caux de Myriam, il n’en demeure pas moins l’un des plus gros producteurs de lin au monde.