Un soutien marqué qui rassure les familles
La Ville et ses habitants s’engagent aux côtés de deux familles menacées d’expulsion. Huit volontaires ont choisi de parrainer les quatre enfants, mardi 4 juillet à la mairie.
« Je suis content de voir tant de monde » , glisse Yves Vidal sur le chemin du Puits-Salé à la sous-préfecture. Le coordinateur du Réseau éducation sans frontières (RESF) est suivi par environ 80 personnes, rassemblées mardi 4 juillet à 17 h 30 pour manifester contre l’obligation de quitter de le territoire français (OQTF) reçue par deux familles dieppoises.
Un acte symbolique
Dans le cortège, tous les profils, des petites tresses blondes aux cheveux blancs, et beaucoup de lycéens. Une trentaine d’étudiants de Jehan Ango mènent la manifestation dont ils sont à l’origine : « Nous, le syndicat étudiant FIDL ( Fédération indépendante et démocratique lycéenne), on a donné rendez-vous aux gens avant la cérémonie de parrainnage. » explique Valentin Heitzler, 15 ans, bien décidé à « se battre corps et âme » pour son amie Tamara et les autres.
A la mairie de Dieppe, Wis- don Ighorado, qui a quitté le Nigeria avec sa mère, et les trois enfants de la famille Torossyan, Tamara, Narek et Arman, ont joint leur signature à celles de leurs parrains.
Une cérémonie solennelle qui impressionne le plus jeune malgré l’ambiance décontractée. Arman, quatre ans, élève de l’école Thomas, regarde timidement la salle entre les jambes de ses parents, Armen et Vardoui, arrivés à Dieppe avec leurs trois enfants en 2014 pour fuir la guerre civile en Ukraine. La réception d’une OQTF il y a quelques semaines les a beaucoup inquiétés. « Quand je vois tous ces gens ça me fait quelque chose. Je connais tout le monde ici… confie-telle, émue, en balayant la pièce de son regard profond. Et tous ne sont pas venus, c’est les vacances ! » ajoute-t-elle avec le sourire.
Peser dans la balance
Les quatre enfants scolarisés à Dieppe ont deux parrains ou marraines. L’un est issu de la société civile et l’autre est membre de l’équipe municipale. Un moyen pour la Ville de Dieppe et ses habitants, de prouver leur engagement aux côtés des familles menacées d’expulsion.
Un soutien qui fait du bien au moral, mais qui ne garantit pas leur autorisation de rester en France. « C’est avant tout un acte symbolique, précise Yves Vidal. On montre que la famille est connue et appréciée ici. » Les parents sont actifs dans la vie de la commune, Maria Ighorado tient l’épicerie solidaire, Armen Torossyan est bénévole à la Croix-Rouge française et sa femme Vardoui aide au centre social.
Pour Fatimat Alausa, impensable de ne pas être présente à la cérémonie. « Je sais ce que ça fait de recevoir une OQTF » , la lycéenne de 18 ans, stressée à l’attente des résultats du bac français, avait quitté le Nigéria avec son frère, sa soeur et sa mère. Six mois plus tôt, elle était à la place de Tamara. « Aujourd’hui, j’ai mes papiers. Le parrainage, c’est ça qui a joué un rôle dans la décision je crois. »
Mais le combat continue pour Yves Vidal et les militants : « Nous avons réussi la première partie : obtenir un parrainage. La deuxième étape, c’est le tribunal administratif de Rouen, nous serons avec eux ! » La date de l’audience n’est pas encore connue. Les yeux de la jeune Tamara Torossyan brillent devant tant de mobilisation : « C’est trop bien ici. A Dieppe tout le monde est gentil, au lycée aussi. Je n’ai qu’un mot en tête maintenant : espoir ! »