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Harold Gérard, la voix des rues de Dieppe s’est éteinte

Connu pour son calme et sa gentilless­e, Harold Gérard – de son vrai nom Gérard Douville – nous a quittés la semaine dernière. Les (anciens) Dieppois le connaissai­ent certaineme­nt plus sous le pseudonyme de Tonton Harold. Ses amis se souviennen­t.

- Ph.B.

Gérard Douville, mieux connu sous le pseudonyme de Harold Gérad ou encore Tonton Harold, est décédé la semaine dernière.

C’est dans les années 60 que Tonton Harold commence sa carrière musicale, dans un groupe dont il était un peu le chef et le manager. Jacques Baudou en faisait aussi partie et il se souvient de cette époque : « Cela a duré de 1966 à 1971 environ. Nous jouions au casino de Dieppe, nous écumions les bals de la Seine-Maritime et des départemen­ts voisins. Nous avions vraiment une belle formation de dix à douze musiciens ayant tous eu le premier prix de conservato­ire » .

Harold Gérard a fait danser plusieurs génération­s dans la région dieppoise. C’était également le cas de Patrice Bonneau avant qu’il ne se lance dans la radio : « Harold avait une culture de jazz et moi de rock, mais il jouait assez peu, s’occupant du son avec sa légendaire sono Semprini » , se souvient l’ancien animateur de NRJ Dieppe. À cette époque, Harold Gérard achète, transforme et revendra plus tard la salle aujourd’hui devenue Le Relais Henri IV, un restaurant situé à Gruchet-sur-Arques.

Puis, petit à petit, les orchestres ont laissé la place à des disco mobiles et Tonton Harold s’est adapté. Patrice Bonneau se souvient : « Les DJ’s, ce n’était pas vraiment sa tasse de thé, mais il fallait bien vivre et il a fait ce boulot plusieurs années. Il venait chercher les nouveautés au studio NRJ et je lui enregistra­is ce qui fonctionna­it en animation, se remémore-t-il. La dernière fois que je l’ai vu, c’était il y a une dizaine d’années et il m’avait confié que monter et démonter le matériel devenait de plus en plus dur pour lui ; je pense qu’il était un peu usé par cette vie nocturne. Et d’ajouter, ému : C’était une légende de la vie musicale régionale et les musiciens « survivants » de cette époque n’oublieront jamais Tonton Harold. »

Animation en ville

L’autre facette de la carrière d’Harold Gérard correspond à la période au cours de laquelle il s’est occupé de l’animation des rues de Dieppe pendant les opérations commercial­es. Commerçant dans la GrandeRue à l’époque, Jean- Claude Godefroy en garde un souvenir empreint d’émotion : « J’avais connu Harold par le biais de mon père qui était maire de Bailly-en-Rivière et qui l’avait fait venir pour une soirée. Par la suite, il a géré notamment les opérations « Coeurville » ; il avait un studio au premier étage du Café des Tribunaux et c’était vraiment une animation en direct. »

C’est désormais Fabrice Sau- nier qui a pris le rôle de sonorisate­ur du centre-ville de Dieppe, en succédant à Harold Gérard, même si le terme ne lui plaît pas vraiment : « On ne succède pas à Tonton Harold, on fait différemme­nt. Il restera pour beaucoup le dandy dieppois de toutes les soirées branchées d’une époque révolue ; ceux qui l’ont connu se souviendro­nt de sa gentilless­e, son élégance et l’odeur de ses cigarillos. Je suis triste d’avoir perdu un ami, mais heureux que nos vies se soient croisées. »

La vie d’Harold Gérard a donc été rythmée par la musique et Jacques Boudou y fait d’ailleurs allusion en pensant à une dernière anecdote : « Harold a eu deux fils ; il a appelé le premier Martial en clin d’oeil à Martial Solal, grand spécialist­e du tango argentin, et le second Django bien sûr par rapport à Django Reinhardt, tout un symbole. »

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