Une Brayonne enquête pour le Pentagone
C’est par hasard que Line Gérard, une Brayonne passionnée d’histoire, a été mise en relation avec les services du Pentagone. La Défense américaine fait appel à elle pour retrouver des avions crashés en 1944 dans la région. Objectif : récupérer les corps.
Line Gérard est du genre discret. Responsable du musée de la Résistance et de la Déportation à Forges-les-Eaux, elle met depuis plusieurs années toute son énergie à aider bénévolement les familles des aviateurs tombés durant la Seconde Guerre mondiale en pays de Bray. Récemment, c’est la fille d’un aviateur américain qu’elle a aidée afin de retrouver la trace de son père tombé en 1944 près d’Aumale. Lors de cette rencontre, elle croise un homme en contact avec les services de la Défense américaine.
« C’est un service appelé le Defense POW MIA accounting agency. Ils sont chargés de retrouver tous les restes des soldats américains portés disparus depuis la Seconde Guerre mondiale » , explique Line Gérard qui n’en revient toujours pas d’avoir été mise en contact avec un service du Pentagone.
Basé à Hawaï, près de Pearl Harbor, ce service américain recherche partout dans le monde ses soldats sans sépulture. « Le Pentagone cherche à retrouver des restes pour les ramener aux Etats-Unis et offrir à leurs familles de vraies sépultures » , explique-t-elle.
Line Gérard a donc reçu pour « mission » de localiser précisément les lieux de deux crashs survenus la même nuit. L’un à Neuville-Ferrières, près de Neufchâtel, et l’autre près de Bracquetuit, un village du canton de Tôtes. « Il s’agissait d’un groupe de bombardiers B24 qui avaient pour cible des sites de V1 du Nord. Ils ont été attaqués à leur retour par des chasseurs allemands, le 21 janvier 1944. Certains bombardiers touchés ont été écartés du groupe et sont tombés. L’un à Beaussault, un autre dans la Somme et deux autres encore à Neuville-Ferrières et du côté de Bracquetuit » , énumère Line avec passion.
Si l’avion de Neuville-Ferrières a été plutôt facile à localiser, c’est plus difficile pour celui de Bracquetuit. Mais Line a suivi une piste et est sur le point de localiser le lieu du crash (voir encadré).
Mi-juillet, un historien et archéologue de ce même service du Pentagone l’a contactée par courriel pour un troisième avion tombé le 2 septembre 1943 à Dancourt, près de Foucarmont. Il s’agit du Thunderbolt P47 piloté par le lieutenant Dale B. Leaf, tué dans le crash. Des indices laissent penser que les restes de son corps auraient été enterrés au cimetière des Vertus, près de Dieppe. Seulement voilà, Line a découvert que la tombe n’y serait peut-être pas. « Les Américains me demandent de retrouver l’emplacement exact du crash » . lieu précis. Car en cas de localisation, les archéologues d’outreatlantique ont bien l’intention de venir sur place avant l’automne pour lancer des fouilles officielles. Mais ils ont besoin de certitudes et d’autorisations.
A Bracquetuit, le B24 Liberator nommé Victory ship/Rebel aurait été abattu par un chasseur vers 15 h 15. Le mitrailleur, le navigateur et le copilote ont été tués dans le crash. Alfred A. Starring, le pilote et Arthur M. Steele, l’un des mitrailleurs, sont enterrés au cimetière de Colleville-sur-Mer. Quatre autres membres d’équipage ont été faits prisonniers. Le dernier s’est évadé. Ce qui donne une piste à Line Gérard, laquelle possède le rapport d’évasion.
Mais il reste à déterminer le lieu exact du crash. Les services américains voudraient aujourd’hui retrouver des traces des corps des trois disparus. Et c’est là tout le travail de Line. Un e-mail envoyé par les Américains précise qu’ils sont à la recherche du moindre reste humain, « même un bout d’os » , explique l’archéologue américain.
« Je veux les aider à retrouver les soldats. Ces hommes-là ont droit à une sépulture. Les Américains y sont sensibles » martèle Line.
« Ils recherchent même un bout d’os » Pour cela, ils ont besoin d’un