Les touristes anglais sont de retour
Une troisième rotation entre Dieppe et Newhaven a été mise en place pour la saison estivale. Avec succès puisque les touristes anglais sont de plus en plus nombreux à faire la traversée.
Pour la troisième année consécutive, un aller-retour supplémentaire en ferry est proposé entre Dieppe et Newhaven, en Angleterre. Lancée en 2015 sous l’impulsion du Département de Seine-Maritime, cette troisième rotation n’est proposée qu’en période touristique : du 1er mai au 30 septembre. Deux bateaux, qui appartiennent au Département, se relaient pour assurer les voyages ; ils effectuent trois rotations chacun en deux jours.
Dans le métro anglais, des publicités pour la Normandie, à bord des ferries, des photos du paysage seinomarin et à la sortie des bateaux, des sacs avec dépliants et objets promotionnels… Tout est prévu pour faire découvrir aux touristes anglais le territoire et tout ce qui s’y vend !
La Seine-Maritime est à bloc pour accueillir ces touristes d’outre-Manche. « Les Anglais sont notre principale clientèle étrangère, précise Ludovic Cardona Gil, le directeur de l’office de tourisme de Dieppe- Maritime. La troisième rotation fait du bien à la Normandie. Pour nous, cette liaison est primordiale. »
L’année précédant la mise en place de cet aller- retour supplémentaire, l’office de tourisme a recensé 966 Anglais venus demander des informations entre mai et septembre. L’année suivante, en 2015, à la même période, ils étaient 1 084. « En 2016, le chiffre a baissé [ 799]. Mais c’est à relativiser, la période n’était pas favorable au tourisme… » ajoute Ludovic Cardona Gil. Les attentats du 13 novembre 2015 et du 14 juillet 2016 auraient freiné bon nombre de touristes étrangers.
Les passagers au rendez-vous
De son côté, DFDS Seaways a fait voyager près de 410 000 passagers entre Dieppe et Newhaven en 2015. C’est 120 000 de plus que l’année précédente. « 2015 était une excellente année. En 2016, on reste sur la même dynamique, mais ce n’est pas aussi fort. Les Anglais représentent 80 % de notre clientèle » , indique JeanClaude Charlo, directeur général de DFDS Seaways France.
La troisième rotation a permis à la compagnie de réaliser 66 % des ventes de tickets passager en cinq mois, malgré des horaires controversés côté français : au- cun départ n’est prévu le matin depuis Dieppe. « C’est difficile de pouvoir offrir des horaires qui correspondent à tout le monde. Nous tenons compte des impératifs de livraisons du fret, et les Anglais sont les plus demandeurs… explique Jean- Claude Charlo. Les horaires sont ensuite proposés au SMPAT [Syndicat mixte de promotion de l’activité transmanche ; contrôlé par le Département], c’est lui qui tranche. »
Projets en suspens
Pour l’instant, le maintien de ce trajet toute l’année ne fait pas partie des priorités. Le contrat de délégation du service public entre DFDS Seaways France et le Département de Seine-Maritime expire au mois de décembre et un nouvel appel d’offres a été lancé. « Nous imaginons tous les scénarios possibles, mais nous attendons d’abord de savoir si notre contrat est renouvelé, nous l’espérons ! ajoute Jean- Claude Charlo, Dieppe, c’est notre camp de base. Nous avons réussi à fidéliser la clientèle, à mettre un coup de projecteur sur ce site. Nous aimerions pouvoir continuer. »
« Ils ne font que transiter »
Si les touristes anglais continuent d’affluer, ils se font discrets dans les commerces dieppois. Les hôtels les voient passer pour une nuit, puis revenir quelques jours plus tard, avant de repartir chez eux. Ces trois derniers mois, l’hôtel Mercure sur le front de mer n’a accueilli que 5 % d’Anglais dans ses chambres. Beaucoup d’entre eux ne font qu’une halte avant d’aller plus loin, comme l’explique la directrice.
Même remarque du côté des commerçants de la GrandeRue : « Je trouve qu’il y a plus d’Anglais, mais ils ne s’arrêtent pas dans nos boutiques, ils ne font que transiter » , témoigne Françoise Gateau, gérante d’un magasin de vêtement et vice-présidente des Vitrines de Dieppe.
Des habitudes qui n’affectent pas tous les commerces. Danièle Bonne vend de la nourriture sur le pouce dans une boulangerie du quai Henri-IV : « L’été, beaucoup d’Anglais viennent acheter de quoi manger avant le départ. Pour moi, c’est très bien ! »
Servir vite des produits prêts à être consommés, un créneau qui fonctionne auprès de cette clientèle qui ne fait, souvent, que passer à Dieppe.