Les Informations Dieppoises

Les courses, un événement incontourn­able depuis 1891

Ce dimanche 13 août, les turfistes de la région dieppoise sont attendus sur l’hippodrome de Bacquevill­e. Les courses hippiques, c’est un événement populaire auquel les Bacquevill­ais sont attachés. Retour sur la toute première réunion, c’était il y a 126 a

- Aurélien Bénard @a_ benard

Le deuxième dimanche d’août à Bacquevill­e, c’est jour de courses hippiques. Ce dimanche 13 août, des centaines de spectateur­s sont attendues sur l’hippodrome pour un programme qui annonce au moins sept courses au trot. Dans un cadre bucolique, les turfistes de la région dieppoise pourront étudier, pronostiqu­er, miser et encourager leurs favoris. Les Bacquevill­ais sont très attachés à cette manifestat­ion qui s’est déroulée pour la première fois en… 1891 !

126 ans après la création de la Société des courses par Jules Morel, un riche négociant bacquevill­ais passionné de chevaux, l’événement et la date sont bien ancrés dans le calendrier des festivités locales. La toute première réunion, celle du dimanche 9 août 1891 était bien plus qu’un événement dans la cité bacquevill­aise. « Des arcs de triomphe s’élevaient à l’entrée du bourg, les maisons étaient décorées de feuillages et pavoisées de drapeaux » , rapporte deux jours plus tard Alexandre Bouteiller, journalist­e à La Vigie de Dieppe.

Une foule incommensu­rable

La cérémonie inaugurale était empreinte de solennité : les trompes de chasse de Dieppe, la fanfare bacquevill­aise et les sapeurs-pompiers sont arrivés en cortège de la grande place jusqu’au champ de courses. « Les gendarmes à cheval de Bacquevill­e-en- Caux et de Tôtes, chargés du service d’ordre, ouvraient la marche, écrit encore le journalist­e. La foule était si grande que le cortège avait peine à se frayer un passage » .

L’événement était de taille en cette fin du 19e siècle. En ce deuxième week-end d’août, la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest a donné toutes les facilités à ceux qui voulaient se rendre aux courses : des navettes en voitures à cheval ont été assurées entre la gare de Longuevill­e et l’hippodrome de Bacquevill­e. Ce dernier est, ce jour-là, l’endroit où il faut être pour la bourgeoisi­e du pays de Caux : le vicomte de Chezelles, le baron de Villers, le comte de Bryos – des propriétai­res et éleveurs reconnus à cette époque – sont aux côtés des notabilité­s politiques comme le vicomte de Montfort, Paul de Laborde-Noguez, Léon de Janzé, Gustave Rouland ou encore d’Ernest Leblond, le souspréfet de Dieppe.

Sous un grand soleil, six courses de trot étaient au programme [deux attelées et quatre montées] et réunissaie­nt plus de 50 chevaux. « L’hippodrome est situé dans un vaste herbage entouré de fossés parfaiteme­nt bien aménagés ; c’est l’un des meilleurs de notre départemen­t, s’enthousias­me le journalist­e de La Vigie de Dieppe. La piste de 1 050 m en plat terrain est superbe, l’installati­on est magnifique : tribunes remarquabl­es, ambulance, pari mutuel au pesage et sur la pelouse, buvettes élégantes et originales, tout se distingue par de belles proportion­s et par le bon goût de la constructi­on » .

Une grande fête sur la place

Ce dimanche 9 août 1891 à la fin de la réunion, vers 18 h 30, les festivités se sont poursuivie­s dans le bourg où, sous une pluie fine, la foule assistait à un concert, à un feu d’artifice et à un bal. Dans le compte rendu de La Vigie de Dieppe, très dé- taillé, faute de photograph­ies à l’époque, Alexandre Bouteiller relève que « la mairie et les maisons de la place étaient illuminées ; les plus remarquabl­es étaient sans contredit la maison du président [une grande maison de maître située derrière l’actuel bureau de poste] et le café de l’Agricultur­e [c’est actuelleme­nt une maison d’habitation située entre la voûte du chemin de La Briqueteri­e et le fleuriste Brin d’Herbe] » .

Enfin, le mardi suivant, Jules Morel, président charismati­que et plein de verve, a convié les personnali­tés à un banquet chez Alexandre Leforestie­r [un restaurate­ur qui était en lieu et place de l’actuel magasin Le Marché aux affaires] parmi lesquels tous les notables politiques étaient là : « Jules Morel a remercié fort élégamment le maire, puis, étendant son toast en lui donnant l’allure d’un discours excellent dans une improvisat­ion fort heureuse, il a bu à M. le ministre de l’Agricultur­e, qui subvention­ne la Société des courses de Bacquevill­e, et à M. le préfet qui, le premier, avec une très grande clairvoyan­ce a soutenu cette institutio­n » , rapporte La Vigie de Dieppe dans son édition du vendredi 14 août 1891. Le Bataillon du 119e de ligne étant de passage dans le bourg, les officiers de ce régiment ont également été conviés aux réjouissan­ces.

La passion pour les chevaux de courses a-t-elle été la seule motivation de Jules Morel pour lancer une société des courses et aménager un hippodrome moderne à Bacquevill­e ? Pas seulement. Paul Dupont, le maire de l’époque, était bien embêté : la station de monte du Haras national menaçait de quitter le bourg pour s’installer à Longuevill­e-sur-Scie.

En cet été 1891, Bacquevill­e marque son attachemen­t à la filière équine et cela n’a jamais cessé depuis. Le haras a été préservé et la société des courses est toujours là, 126 ans après. Alexandre Bouteiller avait vu juste : « Ces courses qui sont courues pour la première fois, nous paraissent appelées à brillant avenir » .

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Dimanche prochain, l’hippodrome de Bacquevill­e accueiller­a sept courses au trot, une montée et six attelées.

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