Les Informations Dieppoises

Trois mois de prison pour la conductric­e ivre

Près de la mairie de Martin-Église, une habitante a provoqué un accident la mettant seule en cause. Elle était complèteme­nt ivre et a refusé de se soumettre au dépistage d’alcoolémie.

- A. B.

Cette habitante de MartinÉgli­se n’en menait pas large, mercredi après-midi, devant le tribunal correction­nel de Dieppe. Escortée par trois policiers, elle a dû répondre de ses actes dans le cadre d’une comparutio­n immédiate.

Il lui est reproché d’avoir conduit un véhicule en état d’ivresse malgré la suspension du permis de son conduire, d’avoir refusé de se soumettre au dépistage et de ne pas avoir su maîtriser son véhicule ; elle a terminé sa course dans le muret d’une propriété, lundi 7 août.

Elle boit du mousseux sur le parking de Lidl

Vers 18 h, les policiers sont prévenus qu’un accident mettant en cause un seul véhicule vient de se produire près de la mairie de Martin-Église. Quand les forces de l’ordre arrivent sur place, la conductric­e est encore au volant de sa Peugeot 208, son mari et quelques témoins sont là aussi.

La prévenue âgée de 53 ans sent fortement l’alcool. Les policiers lui demandent de souffler dans l’éthylotest mais elle refuse. « Les policiers ont dû vous aider à sortir de la voiture pour monter dans la leur et vous emmener au commissari­at, raconte la présidente du tribunal. À 4 h du matin, vous avez accepté de souffler, vous présentiez un taux de 0,56 mg par litre d’air expiré [soit 1,12 g par litre de sang] et à 8 h 10, vous étiez à 0,27 mg par litre d’air » .

À la barre, la prévenue est invitée à s’expliquer sur les faits. « Toute la semaine dernière, je n’ai eu que des contrariét­és avec mon fils, raconte-t-elle. Lundi, j’ai pris deux antidépres­seurs en me levant, je suis allée à la supérette de MartinÉgli­se acheter une bouteille de mousseux que j’ai bue et j’ai pris deux Valium le midi » , détaille-t-elle.

Puis l’après-midi, « j’ai pris la voiture pour monter au Lidl de Neuville par la côte de Thibermont ; il y a moins de voitures. J’ai acheté une bouteille de mousseux que j’ai bue sur le parking, je suis revenue par la même route, je suis passée devant chez moi et je me suis retrouvée devant la mairie. Je n’avais pas pris conscience que j’avais commis un accident » poursuit-elle.

Condamnée deux fois en 28 jours

La juge l’interroge sur son refus de se soumettre au contrôle d’alcoolémie ; elle a déclaré pendant sa garde à vue qu’elle ne se souvenait plus de cet épisode. À la barre, elle répond : « Il y avait trop de monde autour de moi, mon taux d’alcoolémie ne les regardait pas… »

L’affaire pourrait être banale parmi les nombreux dossiers du genre que la justice dieppoise a à traiter. Mais la prévenue a déjà été condamnée précédemme­nt deux fois pour des faits similaires en février 2013 et le 12 juillet dernier. Elle est donc en état de récidive légale.

« Un principe de cohérence »

« J’ai proposé une CRPC [comparutio­n sur reconnaiss­ance préalable de culpabilit­é], elle a refusé car tout l’enjeu, c’est la perte de son emploi » , révèle le procureur de la République. Fonctionna­ire, elle est en arrêt maladie pour la 3e année et elle prévoit de reprendre en mitemps thérapeuti­que. Et pour exercer son métier, elle a besoin d’un casier judiciaire dans lequel la condamnati­on ne soit pas inscrite. Son avocate fait donc une demande de dispense.

« Je m’y oppose et j’assume complèteme­nt, dit le procureur lors de ses réquisitio­ns. Elle n’est pas dans un cas unique, elle doit aussi assumer ses actes » . Il demande que le tribunal fasse preuve « d’un principe de cohérence » . Il requiert une peine de quatre mois de prison, l’annulation du permis de conduire et 150 € d’amende pour le défaut de maîtrise.

Me Caroline Flin, l’avocate de la défense, insiste sur la nécessité de faire droit à la dispense d’inscriptio­n de la condamnati­on sur le casier judiciaire : « Le sens de la peine sera important si elle peut travailler, plaide- t- elle. Sinon, tous les soins mis en place n’auront pas les effets escomptés si elle doit rester enfermée chez elle » .

Finalement, le tribunal correction­nel de Dieppe l’a condamnée à trois mois de prison, son permis de conduire est annulé et elle ne pourra pas le repasser avant un délai de six mois. Elle écope par ailleurs d’une amende de 150 €.

La prévenue est sortie libre du palais de justice, sa peine d’emprisonne­ment sera aménagée vraisembla­blement par le port d’un bracelet électroniq­ue et sa condamnati­on ne sera pas inscrite à son casier judiciaire. Les parties disposent d’un délai de 10 jours pour faire appel de cette décision.

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