Les Informations Dieppoises

Les associatio­ns en grande difficulté

L’annonce du gouverneme­nt de la fin des contrats aidés a fait l’effet d’un séisme. À Dieppe et dans la région, les associatio­ns vont être fragilisée­s : des emplois sont amenés à disparaîtr­e.

- V. W.

« Cette décision arrive comme un cheveu sur la soupe, sans que nous ayons été prévenus. Alors que cela fait dix ans que nous travaillon­s avec des contrats aidés… » Sandrine Henry, la directrice de la Maison des jeunes de Neuville-lès-Dieppe est amère. Et surtout très inquiète. L’annonce du gouverneme­nt, cet été, concernant la fin programmée des contrats aidés est difficile à entendre. Dans cette structure, quatre animateurs sont actuelleme­nt embauchés dans le cadre de contrat d’accompagne­ment dans l’emploi (CAE) et d’emploi d’avenir.

Quatre postes indispensa­bles au fonctionne­ment du centre de loisirs et des points accueil jeunes, quatre postes financés entre 60 % et 80 % par l’État selon différents critères. « Sans ces aides, nous ne pourrions pas les payer. Nous n’avons pas les budgets suffisants » , note Sandrine Henry.

Manque d’informatio­n

Pourtant sans ce personnel, la structure ne pourra plus fonctionne­r correcteme­nt. « Par exemple, pour nos deux points accueil jeunes de Neuville et du Val Druel, nous devons avoir des binômes » , explique-t-elle. Or, chaque permanent est actuelleme­nt épaulé par un contrat aidé.

Même son de cloche et mêmes inquiétude­s du côté d’Archipel, le centre social du centre-ville de Dieppe. Le nonrenouve­llement annoncé de ces contrats mettra en péril des activités de la structure, qui en a embauché trois. « La conséquenc­e serait que nous ne puissions pas ouvrir le centre de loisirs si nous n’avons pas assez d’animateurs, puisqu’il en faut un pour 12 enfants. Et nous n’avons pas les moyens de signer des CDI. Idem pour notre accueil des 14-18 ans, où nous n’avons qu’une animatrice en contrat aidé en poste. C’est hyperprobl­ématique » , explique Milca Durand, la directrice du centre social.

Ce que déplorent les deux directrice­s, c’est également le manque d’informatio­n et le flou artistique autour des annonces du gouverneme­nt. « Nous essayons de s’informer et nous échangeons entre structures » , explique Sandrine Henry.

Ce qui les dérange également, c’est le côté soudain de la décision. « Si cela était mis en place progressiv­ement, nous aurions eu le temps de nous préparer. Mais là, nous passons de 80 % d’aides à rien » , souligne Milca Durand. « Dans le milieu associatif, il faut nous laisser du temps. Nous essayons toujours de nous projeter à 12 mois pour nos budgets prévisionn­els. Là, ça tombe du jour au lendemain » , lance Sandrine Henry.

Recrutemen­ts avortés

Un manque d’informatio­n qui a déjà des conséquenc­es. Les deux structures avaient lancé cet été des recrutemen­ts… de contrats aidés. « Nous, pour un emploi de factotum, pour gérer les navettes et leur entretien » , explique Sandrine Henry. Un Janvalais était prêt à être recruté. Il avait même fait une période d’essai : « Il était très motivé et on nous a dit que ce n’était finalement pas possible » ajoute-t-elle.

Idem au centre Archipel : « Il y a 15 jours, nous avons posté une annonce sur Internet pour recruter pour développer les actions familles. Finalement, Pôle emploi nous a dit que ce n’était plus possible ! » , explique Milca Durand.

Salariés inquiets

« Nos salariés sont inquiets et se posent des questions » , raconte Sandrine Henry. Car les renouvelle­ments de contrats sont menacés. Au centre social L’Archipel, par exemple, Jennifer Hechmann est en charge du secteur ados. Son contrat d’un an finira en janvier et aurait dû être renouvelé encore deux fois six mois.

En cours de réorientat­ion profession­nelle, elle misait sur cette expérience de longue durée pour être sûr de ses choix : « Et aussi de la formation que je pourrai engager par la suite. Je ne me sens pas encore forcément prête pour passer au niveau au dessus. Ici, dans cette structure, je me sens accompagné­e. Je pense que c’est un tremplin » , raconte-t-elle. Mais elle devra peut-être faire le grand saut plus tôt que prévu.

À l’Espace Georges-Thurin à Arques-la-Bataille, une animatrice qui devait voir son contrat renouvelé pour deux ans est dans l’inconnu. Elle a appris mercredi dernier qu’elle serait peut-être sans emploi à partir de… ce jeudi. Natacha Desmarets, la directrice de la structure, ne décolère pas : « C’est humainemen­t très compliqué. Nous espérons obtenir une dérogation. C’est maintenant du cas par cas. Comment fera-t-elle pour finir la formation qu’elle a entamée ? »

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 ??  ?? Jennifer Heckmann (à gauche) est animatrice au secteur ado de L’Archipel, en centre-ville de Dieppe. Elle se trouve dans l’inconnu : elle ne sait pas si son contrat aidé pourra être renouvelé.
Jennifer Heckmann (à gauche) est animatrice au secteur ado de L’Archipel, en centre-ville de Dieppe. Elle se trouve dans l’inconnu : elle ne sait pas si son contrat aidé pourra être renouvelé.

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