620 arbres abattus à La Faisanderie
Le hameau de la Faisanderie, situé dans la forêt indivise d’Eu, vient de changer de peau et paraît bien vide. Mais c’est pour son bien : les résineux qui le composaient étaient en fin de vie. Les agents de l’ONF les ont abattus pour régénérer la parcelle.
« On ne coupe pas n’importe où et n’importe comment. » C’est le message que souhaite faire passer Jacques Fendorf, responsable territorial du massif d’Eu pour l’Office national des forêts (ONF). Les habitants d’Incheville comprendront car, au hameau de La Faisanderie, 620 arbres viennent d’être abattus en deux jours. Un technicien au volant d’une abatteuse et un bûcheron ont travaillé pour produire 1 220 m3 de bois. Ces derniers ne sont pas perdus : 20 % vont partir pour fabriquer du papier et des plaquettes de granulés pour le chauffage, les 80 % restants seront utilisés en sillage pour la menuiserie et de la petite charpente. Une scierie de l’Orne va prochainement venir charger ces résineux, alignés pour l’instant sur le bord de la route.
Cette décision était prévue et justifiée. Elle appartient à un plan d’aménagement décidé par l’État, à qui appartient à 90 % la forêt d’Eu. Les 9 300 ha qui la composent sont divisés en 847 parcelles de 10-12 ha chacune. La Faisanderie fait partie de la parcelle 100 et la sous-parcelle résineuse qui vient d’être abattue était arrivée en fin de vie. « La forêt, c’est comme une boîte de Vache qui rit, développe Jacques Fendorf. Chaque part de fromage représente une tranche de 20 ou 25 ans. Un aménagement dure 20 ans. Nous régénérons les parcelles à tour de rôle grâce à des plants ou des semences. »
« Le bois pousse et meurt un jour »
C’est le cas de la parcelle 100 dont les épicéas devaient être coupés car ils étaient âgés de près de 80 ans, une durée de vie normale. « Le bois pousse et meurt un jour, comme toutes les espèces sur cette terre » , souligne-t-il.
Une fois les broyages des déchets de coupe réalisés à l’automne, la parcelle sera prête pour être reboisée à l’hiver 2018-2018. Et comme le plan d’aménagement est précis, les espèces qui remplaceront les épicéas sont déjà connues : des chênes et quelques bouquets de Douglas. « Dans six ou sept années, les habitants et les visiteurs verront des beaux petits arbres plein d’avenir là où aujourd’hui ils voient un endroit vide. »
Chênaie et Douglas
Jacques Fendorf tient également à rappeler que les techniciens de l’ONF procèdent toute l’année à des abattages d’arbres. « En parallèle de la régénération, nous sommes égale- ment là pour l’amélioration, explique-t-il. Nous éclaircissons les parcelles tous les sept ou huit ans pour sélectionner les tiges qui seront gardées et constitueront le peuplement final. Sur 2 500 plants par hectare, nous en gardons en moyenne 70. Pour les semis, c’est pareil. » Quand les techniciens s’occupent de l’éclaircissement, le bois coupé est également utilisé : les très petits comme bois de feu ou pour le papier, les moyens pour fabriquer des palettes. Les gros sont employés comme bois d’oeuvre.
Les 9 300 ha de la forêt d’Eu sont donc choyés et inaliénables car ils appartiennent à l’État. « Nous avons là une forêt bien équilibrée et structurée, les gens qui râlent sur les coupes ne se rendent pas compte qu’elles sont nécessaires pour qu’elle continue d’exister. »