Des drones utilisés pour surveiller les falaises

Ils filment de beaux paysages mais ils aident également la science : les drones sont mobilisés en Normandie pour numériser les falaises et surveiller leur érosion. Et notamment celles de la côte d’Albâtre.

Elles perdent jusqu’à 50 centimètres de terrain par an : les falaises de calcaire qui ceinturent le littoral de Normandie sont un patrimoine friable. Pour mesurer et anticiper leur érosion, l’Agence nationale de la recherche a lancé, en 2016, le projet Ricochet. Son but : modéliser le recul du littoral… avec des drones.

Des falaises très fragiles

Les opérations d’analyse du littoral normand ont commencé fin 2016. Elles sont réalisées par la société de drones civils Azur Drones. Depuis la fin 2016 et le lancement des opérations, six zones côtières ont été filmées, numérisées et reproduites. Deux dans le Calvados, quatre en Seine-Maritime.

Les communes étudiées sont situées aux alentours de Dieppe. Cette zone est particulièrement concernée, explique Stéphane Costa, professeur de géomorphologie à l’Université de Caen : « Les falaises de craie en Seine-Maritime, sur les secteurs de Dieppe, de Criel-sur-Mer ou encore de Varengeville-sur- Mer, sont très très fragiles. À Dieppe, les falaises reculent de 10 à 20 centimètres par an ».

D’où le projet Ricochet, lancé par l’Agence nationale de recherche. Le coordinateur de cette enquête au long cours (quatre ans), est un collègue de Stéphane Costa.

Un projet coordonné depuis Caen

Universitaire à Caen et directeur du laboratoire Littoral, environnement, géomatique et télédétection, Olivier Maquaire détaille les objectifs du projet : « En premier, comprendre la dynamique des échanges entre la terre et mer » . Ainsi, il entend « réaliser le bilan des échanges de matière » .

Ensuite, déterminer les impacts multisectoriels du changement global, de l’augmentation des tempêtes et de l’élévation du niveau moyen de la mer sur le fonctionnement du système falaise-plage.

Enfin, accompagner l’appropriation de la thématique du changement côtier par les élus locaux et mieux cerner leurs préoccupations sur les impacts du changement global.

En somme, fournir les outils adaptés aux acteurs locaux pour mieux prendre en charge leur territoire. D’où l’étude actuellement menée en Normandie. À terme, les travaux réalisés doivent mener à la création « d’un outil de diagnostic directement intégrable dans les schémas utilisés par les services de l’État » .

Les drones engagés sur le terrain sont bien particuliers, indique la société dans un communiqué : « à voilure tournante, octocoptère (huit moteurs), et équipés d’un appareil photographique numérique haute résolution et d’une nacelle gyrostabilisée permettant les captations en oblique et au zénith » .

En clair, les drones survolent et photographient la falaise, puis les ordinateurs modélisent la topographie étudiée en 3D.