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Jacqueline, 3e génération d’une lignée de commerçant­s

Jacqueline Madec, propriétai­re de La Tabatière, a fait valoir ses droits à la retraite. Elle met fin à une lignée de commerçant­s qui avaient pignon sur rue depuis cent ans à Luneray.

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À bientôt 65 ans, la « tabatière » ou connue également sous le diminutif de « Quinou » a décidé de faire valoir ses droits à la retraite. Jacqueline Madec a servi ses derniers clients dimanche 27 août et passe le flambeau à son successeur Johnny Béatrix qui rouvrira le bureau de tabac le 22 septembre.

Le départ de Jacqueline Madec est symbolique dans le centre bourg luneraysie­n où la famille Madec est connue depuis… cent ans ! La buraliste est en réalité la troisième génération d’une lignée de commerçant­s ayant occupé le même trottoir depuis 1919 ! Henri, le grand-père de Jacqueline Madec, fut le fondateur de l’épicerie sur la place de Luneray. Son père Robert s’attacha à en faire un commerce de renom à son retour de la guerre en 1945. Spécialisé­e dans l’épicerie fine, la Maison Madec exerça pendant de nombreuses années sous l’enseigne Félix Potin, une référence en la matière à l’époque.

Sous l’enseigne Félix Potin

« Je me souviens que certains clients de Dieppe pour s’approvisio­nner chez mes parents. Mon père était entreposit­aire en vins et les crus arrivaient en fûts qu’il mettait en bouteilles avant de les vendre à la boutique. Mon père a même été dépositair­e en vins de Beaune ! » , se souvient Jacqueline Madec. Le magasin disposait pour cela de caves dont une voûtée qui existe encore sous le bâtiment actuel.

Jacqueline Madec a travaillé dans l’épicerie familiale pendant deux ans avant de prendre son envol. Elle a ouvert La Tabatière juste à côté de l’épicerie en décembre 1973. Elle était à l’époque la plus jeune débitante de tabac de France, qui plus est une femme dans un milieu très masculin.

La plus jeune débitante de tabac de France

« J’avais 20 ans et demi, je n’étais donc pas majeure. Mes parents ont dû m’émanciper pour que j’obtienne une dérogation des Douanes ! » raconte- t- elle. Très vite, la jeune femme se retrouve face à quelques commerciau­x et clients un brin récalcitra­nts, désireux de tester son expérience féminine en matière de tabac…

Ils ne se doutaient sans doute pas que la jeune femme était férue de crus de tabacs et grande connaisseu­se des cigares. « Il y en a plus d’un qui a voulu me coller au départ, mais je connaissai­s la fabricatio­n du cigare de la graine jusqu’à sa finition ! » sourit-elle.

La seule anecdote dont elle n’est pas fière c’est la première fois où elle a dû remplir un briquet : « C’était un très beau briquet, ça m’avait tout l’air d’être un Dupont. Je m’y suis mal prise et ma main s’est enflammée. Par réflexe, je l’ai lancé hors de ma boutique sous l’oeil surpris du client ! »

Jacqueline Madec va désormais pouvoir se consacrer à ses passions : la peinture sur soie (elle est responsabl­e de la section au club des jeunes) et l’enluminure. « Je déménage mais je reste dans la même rue ; change juste de trottoir, les trois génération­s de Madec ont fait la même chose ! » s’amuse-t-elle.

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