Il la menace de mort, elle lui envoie un cendrier au visage
Vendredi 15 septembre, le tribunal de Dieppe a jugé trois personnes, une femme, son ex et son nouveau compagnon pour une bagarre dans leur appartement de Neuville. Les magistrats ont dû déterminer s’il s’agissait de légitime défense.
Il aura fallu deux heures et demie d’audience au juge du tribunal de Dieppe ce vendredi 15 septembre pour y voir un peu plus clair dans cette affaire de menaces de mort et de violence. Des faits qui ont eu lieu dans le huis clos d’un appartement neuvillais le 18 mai dernier.
Tout débute lorsque l’ex-mari de la locataire fait irruption chez elle et son nouveau compagnon. L’homme vient de finir de purger une peine de prison en Roumanie et entend demander des comptes sur sa fille. Il aurait appris que son ex-femme aurait marié cette dernière âgée de 13 ans à deux reprises selon le rite rom.
Légitime défense ?
Finalement la rencontre entre les ex tourne mal. Selon la Neuvillaise, l’homme en état d’ivresse l’aurait menacée de mort avant de s’emparer d’un verre, de le briser sur le rebord de la table et de faire des mouvements avec les tessons en main. Selon elle, il l’aurait terrorisée et elle se sentait en danger au point qu’elle ne trouve pas d’autre issue que de lui envoyer un cendrier au visage, lorsqu’il lui a intimé l’ordre de le suivre avec leurs enfants hors de l’appartement.
Le compagnon de la Neuvillaise ayant peur des réactions violentes de l’ex après qu’il a reçu le projectile, l’a maîtrisé avec l’ado de 13 ans présent au moment des faits, puis lui a mis une « quinzaine de coups de poing alors qu’il se trouvait au sol et qu’il se débattait » , note le nouveau compagnon.
Dans un premier temps, les policiers appelés par une voisine, place en garde à vue l’ex-mari, blessé, pour s’être introduit chez la Neuvillaise et surtout avoir proféré des menaces de mort. Mais l’avocat de celui-ci a fait citer le couple également devant le tribunal estimant qu’il s’était rendu coupable de violences sur son client.
Prévenus et victimes
Les trois protagonistes de l’affaire étaient donc tous présents à la barre à la fois comme prévenus et comme victimes.
Pour le procureur de la République, tous sont coupables. Le premier pour les menaces, les seconds pour les violences estimant qu’elles étaient allées trop loin pour de la légitime défense. Il a requis contre l’ex-mari six mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve de deux ans avec obligation de soins contre l’alcool et l’interdiction d’entrer en contact avec son ex-femme.
Pour l’avocat du couple, ses clients ont bien agi ainsi car ils se sentaient menacés. Il demande qu’il ait interdiction de les contacter, d’autant plus que depuis les faits, d’après lui, il aurait continué à les menacer. L’avocat de l’ex se dit pour sa part « stupéfait et sidéré » par ce dossier. Il plaide la relaxe pour les menaces réitérées, en estimant qu’on « ne peut pas tuer et se sentir menacé avec un verre brisé » . Il note surtout les nombreux coups reçus par son client.
Finalement l’homme a été condamné à trois mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve de deux ans. Il doit indemniser le couple et les deux enfants présents au moment des faits à hauteur de 300 € chacun.
La femme a pour sa part été condamnée à trois mois de prison avec sursis, son nouveau compagnon à quatre mois et ils devront régler 2 500 € à l’exmari pour le préjudice moral.