Bientôt expropriés, les Petit s’estiment « pris en otage »
Résidant rue de l’Entrepôt, la famille Petit a été avertie que son habitation serait rasée dans le cadre de l’aménagement de la Zac Sud. Mais le rachat de son bien par la Semad se fait attendre et ses projets sont bloqués. Une situation qu’elle vit mal.
En avril 2016, Nicolas Petit et son épouse comptent parmi la soixantaine de propriétaires sommés de quitter leur habitation, située rue de l’Entrepôt, en prévision du réaménagement de la Zac Sud de Dieppe. « Nous avons été très surpris et déçus, explique l’homme de 37 ans. Quand nous avons acheté, en 2011, nous avons entendu parler des projets d’aménagement du quartier. Pour nous, cela ne pouvait que faire prendre de la valeur à la maison… »
Allers-retours quotidiens au Havre
Le couple encaisse le coup et se fait une raison. Deux mois plus tard, l’entreprise de Nicolas Petit, sous-traitante de Renault, lui offre une promotion. Le poste est basé sur le site de Sandouville, près du Havre. « Sans cette obligation de quitter notre maison, je n’aurais pas accepté, avance-t-il. Mais puisqu’il fallait de toute façon partir, j’ai accepté. » Le père de trois enfants effectue donc des allersretours quotidiens et se met en quête d’une nouvelle habitation en région havraise. Les époux Petit trouvent finalement leur bonheur en juillet dernier. Ils visitent une maison à rénover à Saint-Vigor-d’Ymonville, juste à côté du travail de Nicolas Petit, et c’est le coup de coeur.
Le couple présente sa situation, documents à l’appui, expliquant qu’il attend les fonds issus du rachat de son habitation dieppoise, qui doit intervenir sous peu. Un accord verbal est trouvé. Le propriétaire accepte d’attendre quelque temps et retire son bien de la vente.
Problème, la Semad, la Société d’économie mixte de l’agglomération dieppoise, en charge de l’aménagement de la Zac Sud de Dieppe, tarde à verser les fonds. Son directeur, Jérôme Taconnet, est embarrassé : « Pour pouvoir procéder au rachat, il faut que la préfecture signe la déclaration d’utilité publique (DUP) du projet. En attendant, nos notaires ne peuvent rien faire et en tant qu’aménageur, nous sommes les premiers à le déplorer. »
Projet contrarié
Pourtant, Nicolas Petit avance que dans la rue de l’Entrepôt, l’une de ses voisines a pu acter sa transaction avec la Semad. « Il y a plusieurs mois, nous avons en effet pu inclure un dossier dans notre budget prévisionnel, indique Jérôme Taconnet. Mais pour tous les autres, nous sommes bloqués. »
Aujourd’hui, la famille Petit est désemparée. « Après avoir patienté trois mois, le pro- priétaire nous a annoncé qu’il ne pouvait plus attendre et qu’il remettait sa maison en vente, peste Nicolas Petit. Nous nous sentons pris en otage. Cela commence à être pesant d’effectuer 200 km tous les jours, sachant que je dois me dépêcher pour récupérer les enfants car ma femme termine à 19 h… »
Se renseignant auprès des différents acteurs du dossier, il entend parler d’une étude sur l’inondabilité de la zone, qui retarderait la signature de la DUP, sans plus d’informations. Contactée, la préfecture n’a pas donné suite à nos sollicitations.
En attendant, la Semad conseille à tous les propriétaires concernés de « ne pas engager de démarches » .