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Julien, un Dieppois, doit « reconstrui­re une nouvelle vie »

Il y a deux mois, l’ouragan Irma ravageait l’île de Saint-Martin. Résidant sur place depuis quinze ans, le Dieppois Julien Leconte et sa famille ont vécu l’horreur. Aujourd’hui, il doit tout reconstrui­re. A Dieppe, la solidarité s’organise. Témoignage.

- Christophe Quesne

Présent sur l’île de Saint-Martin depuis le début des années 2000, le Dieppois Julien Leconte n’est pas prêt d’oublier la nuit du mardi 5 au mercredi 6 septembre dernier. L’ouragan Irma s’abattait sur l’île de Saint-Martin aux Antilles, ravageant tout sur son passage. Si Julien Leconte et sa compagne Cynthia ont pu sauver l’habitation qui les abrite avec leurs deux enfants Naya, 7 ans, et Nolan, 4 ans, les dégâts et les conséquenc­es d’Irma sont très importants.

Désormais sans emploi…

L’ouragan Irma a considérab­lement dégradé le domicile familial et privant aujourd’hui de travail Julien et Cynthia : « Mon épouse était coiffeuse mais le salon où elle travaillai­t a été ravagé. Elle est donc inscrite à Pôle emploi. Et je vais bientôt être dans la même situation qu’elle : j’étais responsabl­e d’une boutique Orange qui n’a pas résisté davantage à Irma. Je suis actuelleme­nt en chômage partiel, dans l’attente d’un licencieme­nt économique ! »

Julien Leconte a reçu une propositio­n de son employeur pour rejoindre la Guadeloupe ou la Martinique, mais il a fait le choix de rester à Saint-Martin : « Mon épouse est originaire d’ici, nos enfants sont scolarisés, nous avons tous nos amis et nous ne souhaitons pas déménager. On reconstrui­t donc une nouvelle vie, avec de nouveaux projets. C’est un tout nouveau départ. »

Lorsqu’il évoque le futur de la famille à Saint-Martin, Julien ne peut occulter de son esprit cette fameuse nuit du 5 au 6 septembre : « Il faut avoir vécu un ouragan dans sa vie pour voir les choses différemme­nt. Et nous avons eu de la chance puisque nous avons sauvé notre toit. Mais ce ne fut pas sans peine… »

Julien Leconte raconte cette nuit de l’horreur : « Tout a débuté vers 4 h du matin. Les enfants dormaient mais l’intensité de l’ouragan était telle que j’ai demandé à ma femme d’aller les chercher et de les mettre à l’abri dans la salle de bains car c’est une pièce complément entourée de béton. Elle leur a installé un matelas et s’est munie de provisions alimentair­es pour tenir. De mon côté, j’avais les bras plaqués sur la baie vitrée de la maison. Je la maintenais de toutes mes forces afin qu’elle ne s’envole pas. Et mon épouse maintenait la porte d’entrée qui gondolait. Cela a duré six heures… »

En plus d’être exténué par cette débauche d’énergie, Julien voyait « la maison bouger, l’eau s’infiltrer par le toit et tomber sur les meubles. Les murs et la charpente craquaient, c’était terrible » . Et le Dieppois poursuit : «A l’extérieur, je voyais les tôles voler au moment de l’oeil de l’ouragan. Les vitres des voitures explosaien­t sous la force du vent. Nous habitons à un kilomètre de la mer et nous avons retrouvé une coque de bateau au-dessus de chez nous ! »

Le Dieppois exilé à Saint-Martin relativise sa situation personnell­e : « Nous avons perdu beaucoup de choses dans l’ouragan mais nous avons eu la chance de conserver notre maison. Beaucoup d’autres habitants se sont retrouvés dehors. Le bilan définitif des autorités françaises est de 11 morts mais je n’y crois pas. Il y a des gens qui ont disparu. Je pense qu’il ne faut pas affi- cher de bilan réel afin de favoriser la reprise du tourisme. Tout comme le plus gros pont aérien d’Emmanuel Macron nous a laissés sur notre faim. »

Peu à peu, l’île de Saint-Martin se réorganise. « Il y a effectivem­ent eu des pillages qui ont renforcé le sentiment d’insécurité durant les trois jours qui ont suivi Irma et durant lesquels nous n’avons pas dormi, mais nous retenons plutôt la solidarité qui a prévalu sur l’île » , reprend Julien.

Aujourd’hui, les routes ont été nettoyées et la vie reprend doucement son cours. « Ma fille Naya a repris l’école, il y a un mois, et la gymnastiqu­e depuis deux semaines, souligne le papa. Concernant mon fils Nolan, il est en moyenne section de maternelle et il devrait retourner à l’école le 6 novembre. Certains quartiers récupèrent seulement l’eau » .

Aussi, il y a évidemment beaucoup de dégâts : « Il y a notamment besoin de meubles et de vêtements » . En tout cas, Julien Leconte et les siens resteront à Saint-Martin, île qui aurait été découverte par un colon… dieppois il y a plus de cinq siècles.

« Les murs et la charpente craquaient, c’était terrible »

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Avec sa famille, Julien Leconte n’imagine pas quitter Saint-Martin.
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Lors de l’ouragan, la boutique Orange où travaillai­t Julien Leconte a été dévastée. Actuelleme­nt au chômage partiel, il devrait être prochainem­ent licencié.

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