Les Informations Dieppoises

« Un mauvais signal au moment où le bio a besoin de se développer »

Le ministre de l’Agricultur­e a annoncé la suppressio­n une partie des aides destinées aux agriculteu­rs bio. Cette décision inquiète les acteurs de la filière. Dans la région dieppoise, les profession­nels espèrent toutefois parvenir à l’équilibre sans ces a

- Paul Descamps @PaulDescam­ps

« C’est au marché de soutenir le maintien de l’agricultur­e biologique. » Le 20 septembre dernier, à travers ces mots, le ministre de l’Agricultur­e Stéphane Travers a annoncé sa volonté de supprimer les aides au maintien dont bénéficien­t actuelleme­nt les exploitati­ons agricoles récemment converties au bio (lire encadré).

Dès 2018, le budget dédié à ces aides au maintien devrait a priori être réaffecté aux aides à la conversion. « Plusieurs pistes de répartitio­n sont à l’expertise mais rien n’est encore décidé » , précise toutefois le site du ministère.

Une décision qui inquiète au sein de la filière. Mickaël Marie, directeur de l’associatio­n Bio Normandie, qui défend les intérêts des producteur­s bio de la région, explique : « À travers cette mesure, la puissance publique envoie un signal négatif au moment où l’agricultur­e bio a besoin de se développer. »

« Une vision contestabl­e »

Selon lui, laisser faire le marché correspond à une vision « très contestabl­e » , de « court terme » et qui fait fi de la « stratégie de constructi­on de filière » .

Pour l’heure, le rythme des conversion­s semble se maintenir à un niveau satisfaisa­nt, et le ministre envisage que « 8 % des surfaces agricoles françaises soient converties en agricultur­e biologique à l’horizon 2022 » , contre 5,7 % fin 2016.

Un objectif qui « ne caractéris­e pas une ambition démesurée » selon un Mickaël Marie perplexe face aux « annonces confuses » du gouverneme­nt [en 2009, l’objectif avait été fixé à 20 % en 2020 par le Grenelle de l’environnem­ent].

« Nous n’avons pour l’instant aucune assurance que les aides supprimées seront réaffectée­s ailleurs » , s’inquiète le défenseur des agriculteu­rs bio de Normandie, qui souligne par ailleurs l’importance de soutenir durablemen­t les néoconvert­is : « Les agriculteu­rs convention­nels sont souvent fragiles économique­ment. Plus le temps passe, plus ils vont loin dans le modèle traditionn­el… et plus le défi technique de se convertir au bio se complique. Ainsi, cinq années d’aides pour changer de modèle et atteindre l’équilibre, c’est peu. »

« Le défi se complique »

L’associatio­n Bio Normandie espère pouvoir compter sur la Région pour compenser ces aides appelées à disparaîtr­e. « Nous lui avons adressé un courrier en ce sens et nous espérons obtenir un rendezvous, indique Mickaël Marie. En parallèle, la Fédération nationale d’agricultur­e biologique fait le travail auprès du ministère. »

Pour l’heure, la position de la Région semble ferme. Dans les colonnes de nos confrères de Ouest France, l’un de ses représenta­nts affirmait le 29 septembre que « la Région ne se substituer­a pas au désengagem­ent financier de l’État sur le maintien en agricultur­e biologique, elle met la priorité sur l’accompagne­ment à la conversion à l’agricultur­e biologique » .

À compter de 2018, les néoconvert­is auront donc intérêt à avoir les reins solides…

 ??  ?? Mickaël Marie, directeur de l’associatio­n Bio Normandie, se montre inquiet par la suppressio­n d’aide au maintien. (Photo d’archives © La Dépêche de Louviers)
Mickaël Marie, directeur de l’associatio­n Bio Normandie, se montre inquiet par la suppressio­n d’aide au maintien. (Photo d’archives © La Dépêche de Louviers)

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