Les Informations Dieppoises

Des agriculteu­rs bio livrent leur ressenti

- Propos recueillis par P. D.

Gaëtan Delacroix. Producteur d’apéritifs à base de cidre, viande bovine et grandes cultures à la Ferme de Bonnetot, à Tôtes. « J’ai entamé la conversion au bio en 2009. Aujourd’hui, tout mon verger est converti et le reste passe en bio au rythme d’une vingtaine d’hectares par an. L’idéal est de vivre de sa production et si les prix se maintienne­nt, ça ira. Mais la suppressio­n de cette aide n’est pas négligeabl­e puisque je vais perdre environ 10 000 € par an. Cette décision m’embête aussi parce qu’elle bouscule mes budgets prévisionn­els. D’ailleurs, je suis persuadé que cela va freiner ceux qui hésitaient à se mettre au bio… » Edgar Dumortier. Producteur de lait, viande bovine et grandes cultures à la ferme du Petit Fumechon, à Saint-Vaast- du-Val. « Pour moi, ces aides au maintien représente­nt environ 8 000 € par an. Les perdre ne me sera pas fatal mais l’impact est réel, même si les aides à la conversion ont été majorées il y a deux ans. Je préfère vivre le moins possible des subvention­s, mais c’est intéressan­t d’en bénéficier car pendant la phase de conversion, on ne valorise pas encore nos produits aux prix du bio. D’autre part, ces aides étaient également prévues pour récompense­r le service rendu à l’environnem­ent. Toutefois, je ne suis pas de nature à me plaindre et j’estime que je ne m’en tire pas trop mal, car mes rendements sont bons et le lait bio est bien valorisé. Pour le reste, j’espère que la nature compensera en étant généreuse ! » Catherine Hennebert. Productric­e de lait, légumes et grandes cultures à la ferme de Montigny, aux Cent-Acres. « Je ne suis pas encore concernée par les aides au maintien puisque j’en suis encore à la phase de conversion. En agricultur­e convention­nelle, je me sentais déconnecté­e de mon outil de travail, la terre, et j’en avais assez de la boîte à outils « phyto » . Je n’ai pas fait de calcul sur les répercussi­ons économique­s de la mesure annoncée puisque je n’avais pas inclus ces aides dans l’étude menée pour me lancer : je ne souhaitais pas m’appuyer dessus. En revanche, si les aides à la conversion étaient remises en cause, là, il y aurait un gros problème. Pour l’heure, j’espère que le marché du bio va se maintenir et que les cours seront stables ! »

 ??  ?? Producteur de produits cidricoles à Tôtes, Gaëtan Delacroix va perdre 10 000 € par an.
Producteur de produits cidricoles à Tôtes, Gaëtan Delacroix va perdre 10 000 € par an.

Newspapers in French

Newspapers from France