Les Informations Dieppoises

« Jugez avec humanité » cette conductric­e malade d’alcool

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À la barre du tribunal de Dieppe, ce vendredi 3 novembre, la femme qui se présente porte les stigmates de son alcoolisat­ion quoiqu’elle ne soit âgée que de 46 ans…

Elle, qui a été agent de maîtrise, s’est au fil du temps désociabil­isée et vit en recluse chez elle. Elle vivote avec un petit revenu et l’aide des Restos du coeur. Moralement, elle est très vulnérable et pleure quand elle n’arrive pas à refouler ses larmes.

Tentatives de sevrage infructueu­ses

Ses tentatives de sevrage sont ponctuées de rechutes, c’est d’ailleurs au cours de l’une d’elles qu’elle a été contrôlée le 27 juillet dernier à Dieppe, en début d’après- midi. Elle se trouve alors au volant avec 1,28 g d’alcool par litre de sang.

Elle pense que le traitement très lourd qu’elle suit (antidépres­seurs et somnifères) est en partie responsabl­e de ce taux très élevé d’alcool. Mais c’est surtout la bière qu’elle a absorbée en grande quantité qui lui a embrouillé l’esprit et la conduite. Une conduite pour le moins très hasardeuse.

En effet, elle a heurté plusieurs fois des trottoirs ce qui a attiré l’attention des services de police qui ont tout de suite relevé les signes d’une forte alcoolisat­ion.

« Mais je ne me drogue pas ! »

La prévenue n’a pas voulu se soumettre aux vérificati­ons pour établir son état alcoolique, ce qui représente un délit. « Je voulais que ce soit un médecin » et au dépistage de stupéfiant­s. « Mais je ne me drogue pas ! » lancet-elle.

La présidente du tribunal lui explique que ces tests justifient que l’on n’envoie pas systématiq­uement les personnes contrô- lées à l’hôpital. La magistrate lui fait comprendre qu’on «a sans doute frôlé ce jour-là la catastroph­e » . Elle le reconnaît, effrayée : « Oui, j’aurais pu tuer quelqu’un » .

Le ministère public n’oublie pas de relever un casier judiciaire avec des avertissem­ents concernant sa problémati­que alcoolique et requiert notamment un suivi renforcé.

Me Dechancé, avocat de la défense, durant sa plaidoirie s’est employé à faire fléchir le tribunal vers une certaine clémence : « Jugez avec humanité, même si les faits sont graves. Toutes les peines que vous déciderez doivent la conduire à se remettre dans la vie sociale. Il faut que votre peine soit pratique… Il y aura bien quelqu’un qui, sur sa route, pourra la conduire vers autre chose. Elle veut reprendre une vie associativ­e, une vie sportive… »

Elle a finalement été condamnée à quatre mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve de deux ans, avec obligation de soins contre l’alcool et de soins psychologi­ques.

Son permis de conduire est annulé

Elle a également l’obligation de travailler, l’interdicti­on de conduire tout véhicule à moteur pendant deux ans. Le tribunal a constaté l’annulation de son permis de conduire qu’elle ne pourra pas repasser avant six mois. Elle devra enfin régler une amende de 50 €.

La présidente a commenté ce jugement : « Un travail d’intérêt général ne nous a pas semblé suffisant pour vous aider à surmonter vos problèmes. Continuez vos efforts et justifiez des soins que vous avez entrepris. »

La prévenue a dix jours pour faire appel.

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