Les Informations Dieppoises

« La pénurie de beurre ne ÉLEVEURS. vient pas d’une pénurie de lait »

Vendredi, les éleveurs de la région dieppoise, eudoise et du pays de Bray s’étaient donné rendez-vous à Auchan à Dieppe. Objectif : expliquer aux clients que la pénurie de beurre dans les rayons n’est pas due à une pénurie de lait. Et rencontrer le direct

- V. W.

« Il n’y a pas de pénurie de lait. S’il n’y a pas de beurre dans les rayons des supermarch­és, ce n’est pas la faute des producteur­s de lait, mais c’est une guerre des prix entre transforma­teurs et distribute­urs » , martèle Franck Grémont.

L’éleveur de Gouchauprè, près d’Envermeu, était présent vendredi 3 novembre en début d’après- midi sur le parvis du centre commercial du Belvédère avec une quinzaine de ses collègues de la région dieppoise, eudoise et du pays de Bray. Des actions similaires avaient lieu devant quatre autres enseignes de Seine-Maritime.

Dégustatio­n de beurre

Sur un stand, ils se faisaient fort de faire déguster du beurre fermier sur des tranches de pain aux clients de l’hypermarch­é Auchan. Et ils en avaient amené 10 kg qu’ils proposaien­t en vente directe. Leur objectif : rétablir ce qu’ils estiment être une contre-vérité. Depuis plusieurs semaines, il est de plus en plus difficile de trouver une plaquette de beurre dans les rayons des supermarch­és. Sur des étiquettes apposées à destinatio­n de l’informatio­n des clients à Auchan, il était notamment indiqué que cette situation résultait « d’une baisse des collectes » sur le marché de la matière grasse laitière. Bref, la faute reposerait sur une baisse de la production laitière. « Si c’était le cas, il n’y aurait plus non plus de crème » , fait remarquer Sylvain Gangneux, de la FNSEA, la Fédération nationale des syndicats d’exploitant­s agricoles. Pour les producteur­s laitiers, le problème est autre. Ils expliquent qu’une fois par an, les prix sont négociés et « imposés par les distribute­urs » .

Jusqu’à ces dernières années, ils avaient la mainmise sur le marché et obtenaient les prix réclamés. Seulement « le cours mondial du beurre explose, la Chine en consomme de plus en plus et le beurre revient en grâce, explique un éleveur. Ainsi les transforma­teurs veulent vendre leurs produits au prix du marché et pas à bas prix. » Comme les distribute­urs ont refusé, ils vendent à l’export.

Rencontre constructi­ve

Vendredi, tandis qu’une partie des éleveurs informait le grand public, une délégation était reçue par le directeur d’Auchan, Philippe Bouzon-Roulle, et la responsabl­e commerce produits frais. « L’accueil a été chaleureux, reconnaît Franck Grémont. Il a bien pris acte de nos récriminat­ions. » Tout d’abord le directeur a accepté de changer la formulatio­n de l’informatio­n faite aux clients. Par ailleurs, celui-ci a expliqué que son enseigne et Système U ont signé un accord et accepté la semaine précédente, comme ils l’avaient déjà fait voilà quelques mois, « une augmentati­on du prix d’achat en moyenne de 9 à 11 % du beurre auprès des transforma­teurs. » « Nous avons répercuté une partie de cette augmentati­on sur le prix de vente, en moyenne de 7 % et nous avons compressé nos marges » , indique Philippe Bouzon-Roulle.

Le rayon est donc achalandé tous les jours mais « de manière irrégulièr­e » , explique- t- il. « Le problème de rupture est accentué par le fait que les consommate­urs ont peur de ne plus avoir de beurre et donc en stockent. Nous avons noté une hausse de 20 % des achats » , indique le directeur.

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À l’entrée du centre commercial du Belvédère, les éleveurs ont fait déguster du beurre.

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