Dieppe veut rétablir l’honneur des « fusillés pour l’exemple »

Lors des cérémonies commémoratives, certains soldats n’ont pas droit aux hommages : les « fusillés pour l’exemple », pour des faits de désobéissance. Un an avant le centenaire de l’armistice de 1918, la Ville de Dieppe souhaite que leur honneur soit rétab

« Les élus de la majorité municipale estiment que le moment est venu de rétablir officiellement et symboliquement l’honneur des soldats fusillés pour faits de désobéissance. » Lors du dernier conseil municipal de Dieppe, un texte allant en ce sens, présenté par Yves Begos, a été soumis au vote.

Citant un ancien général, l’élu dieppois rappelle qu’en période de guerre, « la justice devient un auxiliaire de la discipline » .

750 fusillés pour désobéissance

Ainsi, 750 soldats français ont été fusillés pour manquement à la discipline militaire entre 1914 et 1918, à l’instar du Dieppois Hippolyte Debonne. Prévenu pour des faits de révolte à main armée et d’outrages à supérieur, ce charretier de 27 ans s’est vu condamné à mort le 11 août 1916 et exécuté 12 jours plus tard.

Se basant sur les archives de l’époque, Yves Begos appelle à porter un regard nuancé sur ces hommes, mis au ban de la mémoire collective car privés de la mention « Mort pour la France » et absents des monuments aux Morts [ sur ce point, le fusillé dieppois fait exception, une erreur inexpliquée lui ayant permis de recevoir ces honneurs].

L’élu souligne ainsi que « le dossier du conseil de guerre montre que deux versions s’affrontent » au sujet d’Hippolyte Debonne. D’un côté décrit comme « un bon soldat » malgré sa « forte tête » , le jeune homme est également présenté comme « indiscipliné, voire dangereux » .

« Construire une mémoire apaisée »

Un siècle après la Première Guerre mondiale, « il ne nous appartient pas de rejuger les hommes mais bien de concourir à construire une mémoire apaisée » , estime Yves Begos. Plusieurs hommes politiques de premier plan – Lionel Jospin, Nicolas Sarkozy, François Hollande… – ayant par ailleurs émis le voeu que les fusillés pour désobéissance « réintègrent notre mémoire collective » , les élus de la majorité dieppoise invitent l’ensemble du conseil à se joindre à eux afin de les « rétablir dans leur honneur » et les reconnaître « comme des soldats de la Grande Guerre » .

Jean Bazin (LR), explique que son groupe, Dieppe au coeur, s’abstiendra de participer au vote du texte : « Nous avons trouvé le texte et la démarche intéressants, mais nous n’en comprenons pas bien le sens. Par ailleurs, bien d’autres injustices mériteraient une motion. »

Le texte est toutefois voté à l’unanimité des autres membres du conseil.