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Un atelier de peinture et d’humanité

La session des arts vivants animée par l’artiste peintre Françoise Guggenbuhl à L’Apostrophe avec des résidents du foyer des Hautes Eaux d’Autigny a repris le 19 octobre. Cinq séances de peinture aboutiront à une exposition au mois de décembre.

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C’est un moment délicat. À la fois sensible et fragile. Une musique douce et harmonieus­e embrasse discrèteme­nt la grande salle de L’Apostrophe à Fontainele-Dun, mais suffisamme­nt pour qu’on y prête attention. L’apaisement est immédiat. « C’est Mozart » dit Françoise Guggenbuhl.

Un moment unique

Le concerto pour flûte traverse tranquille­ment la pièce comme une rivière, un pont, une barque, un passant, une idée, une chose calme. « La musique est très importante » reconnaît Françoise Guggenbuhl. Elle en met à chaque atelier comme elle met beaucoup de coeur.

Un atelier que l’artiste peintre anime depuis 2013 au centre social de Fontaine-le-Dun. Il réunit des personnes handicapée­s, résidentes du foyer des Hautes Eaux d’Autigny, accompagné­es de deux éducateurs et des béné- voles de L’Apostrophe.

Avant de commencer la séance, cinq au total entre le 19 octobre et le 30 novembre, les participan­ts font une ronde en se tenant les mains. « Nous passons les énergies en silence » dit Françoise Guggenbuhl. Les regards, les sentiments, les gestes prennent de l’importance. La complicité s’instaure. La conscience de l’autre et de soi avec lui s’intensifie, devient plus claire. De ces séances, Françoise Guggenbuhl assure qu’il en sort « des tableaux magnifique­s » .

Mais au- delà de la peinture, de l’aspect technique et des beaux-arts, c’est une autre forme de société qui apparaît. Seulement bienveilla­nte, douée de tendresse et d’attention. Un moment d’échange unique qui change les habitudes des résidents du foyer d’Autigny comme il change celles des bénévoles de L’Apostrophe. « Certains ne parlent pas au foyer et ils chantent ici » relève Françoise Guggenbuhl. Interrogé sur ces instants passés au centre social, Bruno est clair : « J’aime bien. Ça fait plaisir. » Et Laetitia confirme : « On voit autre chose, ça fait du bien. » Du côté des bénévoles, de Françoise Guggenbuhl, il n’est pas rare qu’ils fassent part de ce qu’ils ont reçu des personnes handicapée­s.

L’artiste en a fait un poème. Elle écrit : « Nous marchons ensemble sur le chemin/ Ton bonheur éclate/ Tu ris/ Tu parles/ Tu chantes/ tu balbuties/ Ton regard émerveillé fait rire nos coeurs… » Pour cette session intitulée « les arts vivants : une ressource pour tous » qui aboutira au mois de décembre à une exposition dans les espaces publics de la communauté de communes de la Côte d’albâtre, Françoise Guggenbuhl prend comme modèle une toile de Michel King, peintre normand, Les Falaises d’Étretat. Le motif est simple : falaises, mer et ciel, comme les rapports humains lors de ces ateliers. On va à l’essentiel.

Qu’en est-il du regard porté sur le handicap ? À voir et entendre Laetitia à l’issue de la séance prendre Françoise Guggenbuhl dans ses bras qu’elle appelle doucement « grande soeur » et lui glisser un « je t’aime » tout naturel, il ne fait aucun doute. Le regard que portent les résidents d’Autigny sur les « biens portants » va droit dans les yeux. Il se porte bien.

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