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Sébastien Jumel présente son rapport sur l’industrie

Jeudi 16 novembre, le député Jumel présentait son rapport pour avis sur l’industrie à l’Assemblée nationale. Il en a profité pour afficher son désaccord avec le budget 2018.

- Paul Descamps

Siégeant au sein de la commission des affaires économique­s à l’Assemblée nationale, Sébastien Jumel a été chargé par ses pairs d’établir un rapport sur les crédits alloués par l’État à l’industrie dans le budget 2018. Honoré par la mission mais peu enclin à « contraindr­e l’exercice à une analyse de chiffres » , le député dieppois a auditionné divers acteurs du secteur pour étayer son diagnostic : le conseiller industrie du ministre de l’Économie, l’économiste Jean-Luc Gaffard, des représenta­nts de la Direction générale des entreprise­s ou du Conseil national de l’industrie, par exemple.

Alpine et Verescence comme exemples

Il a également tenu à illustrer son propos en s’attardant sur deux fleurons industriel­s locaux, dont il a rencontré direction et représenta­nts syndicaux : l’entreprise de flaconnage Verescence (dont une usine est située à Mers- les- Bains) et le constructe­ur automobile Renault (représenté à Dieppe par sa filiale Alpine).

Rappelant que « les filières industriel­les sont fortement fragilisée­s » , l’élu dieppois estime que ce secteur reste « indispensa­ble pour le développem­ent économique des territoire­s et pour répondre aux besoins fondamenta­ux de la population » . Son rapport pointe un soutien à la politique industriel­le en baisse et des « outils » insuffisan­ts face aux enjeux. Ce qui, entre autres, l’amène à émettre un avis défa- vorable au sujet du budget 2018 présenté par la majorité.

Sébastien Jumel souligne d’abord « le contexte particulie­r » dans lequel il présente son travail : « Le gouverneme­nt vient de céder Alstom aux Allemands et STX aux Italiens*. Je considère cela comme un symbole de son renoncemen­t et de la perte de notre souveraine­té industriel­le. » Selon l’élu communiste, « on a le droit d’être patriote lorsqu’il s’agit de structurer des filières » . Privilégie­r « des synergies au sein des groupes français » lui aurait donc semblé plus pertinent.

Le député déplore en effet un « manque de solidarité » entre les différents acteurs de certains secteurs. À titre d’exemple, il rappelle que sur un flacon de parfum vendu 100 €, seuls 3 € reviennent aux verriers. Un montant jugé « loin d’être suffisant » . Pourtant, il s’affirme « convaincu de la possibilit­é de mettre en place un autre modèle économique, basé sur le respect de l’ensemble des acteurs de la filière » .

D’autre part, « de nombreuses entreprise­s françaises sont susceptibl­es d’être rachetées par des financiers impatients, dont les exigences de rentabilit­é prennent le pas sur les stratégies industriel­les » , avance le député. Ce qui induirait « des coupes dans la masse salariale et dans les budgets dédiés à la recherche » . Ainsi, il préconise que la France se dote d’outils pour protéger ses entreprise­s d’éventuelle­s OPA (offres publiques d’achat) hostiles.

Constatant l’augmentati­on des dividendes versés aux action- naires, le rapport relaie l’analyse de certains syndicats : « Cinq milliards de dividendes en moins permettrai­ent d’investir un milliard de plus dans notre outil de production industriel et de consacrer quatre milliards au maintien d’emplois en France. »

Le rapport suggère par ailleurs de pérenniser les dispositif­s de soutien accordés aux industries gourmandes en énergie. Toutefois, il stipule que les aides doivent être « mieux ciblées » et ne doivent pas « réduire les incitation­s à investir dans la transition énergétiqu­e » .

Concernant les baisses de charges accordées aux entreprise­s, Sébastien Jumel regrette qu’aucune « réelle étude d’impact » n’ait été menée. Plus généraleme­nt, il critique les outils actuelleme­nt en place, insuffisam­ment évalués et favorisant « une politique industriel­le de niches » .

Il propose enfin d’ « étudier l’opportunit­é d’encourager l’actionnari­at salarié » . S’appuyant sur le renouveau d’Alpine, obtenu en fédérant les acteurs économique­s, les services de l’État et les élus locaux, le député conclut en appelant à une politique « plus interventi­onniste et volontaris­te » .

* Alstom et STX sont deux grandes entreprise­s françaises oeuvrant respective­ment dans le transport ferroviair­e et la constructi­on navale.

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