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« Les lieux comme la Maison Jacques-Prévert sont nécessaire­s »

Responsabl­e administra­tive et comptable de la Maison Jacques-Prévert depuis 35 ans, Viviane Paumier connaît presque tout de cette « Maison pour tous » qui fêtait samedi soir son 40e anniversai­re.

- Propos recueillis par Paul Descamps

Vous êtes arrivée à la Maison Jacques-Prévert (MJP) en 1982. Racontez-nous…

Après quelques petits boulots, notamment dans l’animation, je suis arrivée à la Maison JacquesPré­vert qui existait depuis cinq ans. J’y ai obtenu mon premier CDI en tant que comptable et responsabl­e administra­tive. Trente- cinq ans plus tard, je m’occupe toujours des budgets de l’associatio­n, en concertati­on avec l’équipe d’animation. Quelles sont les missions de la MJP ?

Créer du lien entre les habitants, de 0 à 99 ans ! Leur donner accès à la culture, leur permettre de s’exprimer selon les principes de l’éducation populaire. Dès le départ, on y trouvait une bibliothèq­ue, une mairie annexe, une halte-garderie et un bureau de poste. L’une des premières ludothèque­s du secteur a également vu le jour ici. Le lieu a-t-il changé depuis vos débuts ?

Les objectifs n’ont pas varié, les locaux sont les mêmes, mais il y a forcément eu quelques évolutions. L’arrivée de l’informatiq­ue et du numérique notamment. Il a fallu jouer des coudes pour introduire les ordinateur­s ici, car c’était au départ loin d’être une priorité. Presque un tabou ! Mais comme ça devenait handicapan­t, nous avons fini par nous équiper. Au niveau des actions, l’aide à la parentalit­é et la prise en compte de la petite enfance se sont par exemple développée­s, à partir de 1984 il me semble. Certaines initiative­s lancées par la MJP ont été reprises par d’autres, comme le théâtre jeune public. Le dispositif a pris tellement d’ampleur que c’est l’associatio­n Art/e qui s’en est emparée. D’autre part, l’associatio­n comptait à l’origine cinq permanents, contre une quinzaine aujourd’hui. Vous qui êtes en charge du budget, ressentez-vous les effets des restrictio­ns qui s’opèrent partout ?

Oui. Nous essayons de travailler différemme­nt, en resserrant les moyens humains… Il y a peu, nous disposions de cinq salariés en contrat aidé. Il n’en reste qu’un. Malgré tout, nous voulons garantir des prestation­s honorables à la population. Il n’y a pas de culture à bas prix. Un mot sur votre ancien président, Yves Lavieuvill­e, mis à l’honneur à l’occasion de ce 40e anniversai­re de la MJP ?

C’est une personne droite, facile à vivre, accessible, d’une humeur linéaire. C’était un président militant et très présent. Je suis ravie qu’un hommage lui soit aujourd’hui rendu [une salle de la MJP a été baptisée de son nom]. Comment voyez-vous l’avenir de la MJP ?

Je ne sais pas. Mais c’est déjà beau qu’elle soit toujours debout, quand on voit le nombre de MJC qui ont fermé leurs portes. Certaines municipali­tés ont compris que ces lieux étaient bénéfiques pour la population. Pour apporter la stabilité dans les quartiers « sensibles », un lieu comme celui-ci est nécessaire. Et le vôtre ?

Il me reste sept ans avant la retraite. Je ne sais pas si je finirai ma carrière ici, si le resserreme­nt des finances se poursuit ou que je dispose d’une belle opportunit­é… Mais une chose est sûre : après 35 ans dans un centre social, j’aurais beaucoup de mal à travailler pour une entreprise commercial­e !

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