Les Informations Dieppoises

« Où est le contrôle de la société civile sur le nucléaire ? »

Une petite trentaine de personnes seulement se sont déplacées à la réunion publique organisée par la Commission locale d’informatio­n auprès des centrales nucléaires. Plusieurs points ont été abordés, notamment celui de l’informatio­n aux habitants.

- Camille Larher

« Ils jouent sur les mots ! lance une militante de l’associatio­n Stop-EPR, ni Penly ni ailleurs. On ne nous parle jamais d’accident mais d’incident, ni de réunion publique mais de conférence-débat… Ce soir, le résultat est là, il n’y a personne » . La sémantique a toute son importance quand il s’agit de parler au public. Dans la salle Scène-en-Mer de Belleville-sur-Mer, seulement une petite quinzaine de personnes sont venues assister à la soirée qui se voulait participat­ive. Ce sont des habitants qui semblent inquiets sur la sécurité des centrales nucléaires près de chez eux.

Dans l’assistance, autant de membres de la Clin, la Commission locale d’informatio­n auprès des centrales nucléaires de Paluel et Penly affiliés à des associatio­ns antinucléa­ire et de défense de l’environnem­ent sont présents. En face du public clairsemé, entre autres, Hélène Heron de l’ASN, l’Agence de sûreté nucléaire, Laurent Lacroix, le directeur de Penly, Brice Farineau, à la tête de Paluel, Jean-Louis Chauvensy, le vice-président de la Clin, et Yves Marignac, directeur de l’associatio­n Wise-Paris. Le contrôle dans les centrales était le thème retenu pour la soirée.

Comment impliquer les habitants

Les questions ont été posées au cours de la présentati­on, notamment sur l’indépendan­ce de l’ASN. « L’exploitant est le premier responsabl­e de la sûreté nucléaire, c’est-à-dire la protection de la population par rapport à la radioactiv­ité » , souligne Hélène Heron.

Un habitant de Berneval-leGrand s’est interrogé : l’ASN peut-elle demander l’arrêt d’une centrale en cas de problème majeur ? « Pouvez-vous émettre une décision ferme ? » a-t-il insisté. La jeune femme a donné une réponse positive tout en nuançant son propos : « Cela dépend de la gravité, de combien ça coûte et du temps nécessaire… Mais, il peut y avoir une mise à l’arrêt » .

Yves Marignac, d’une agence indépendan­te d’informatio­n et d’études sur l’énergie, rappelle « la pression économique qui pèse sur ce type de décision » . Il demande également un renforceme­nt de la capacité d’expertise en dehors de la sûreté nucléaire. « Nous devons être plus nombreux, ajoutet-il. En mettant de nouveaux moyens d’accès à l’informatio­n si nous voulons que les gens s’impliquent. Il faut leur montrer qu’ils peuvent avoir un impact » .

Une problémati­que intéressan­te lorsque l’on observe le peu de personnes se sentant concernées, mardi soir, par ces questions. Notamment les jeunes, quasi inexistant­s dans l’assemblée. Un aspect repris par Coralie Pineau, de la Clin de Gravelines, qui explique la nécessité de travailler avec des scolaires.

« Nous aussi nous sommes un pilier de la sûreté, remarque Guillaume Blavette, du réseau Sortir du nucléaire. Vous ne communique­z pas sereinemen­t avec les habitants, la société, alors que l’industrie chimique le fait davantage. Où est le contrôle de la société civile ? »

Le rôle de la Clin

Le vice-président de la Clin, Jean-Louis Chauvensy, a réagi en expliquant le rôle de cette instance, notamment auprès du grand public. Y sont présents des représenta­nts d’habitants ou de profession­nels comme les associatio­ns, les comités, le Départemen­t, les élus… Un membre de l’assistance s’est d’ailleurs étonné qu’aucun maire de Petit-Caux ne soit à la soirée… « Ça en dit long sur leur implicatio­n » , pointe-t-il.

L’année prochaine la Clin orientera le débat public sur l’extension du plan particulie­r d’interventi­on ( lire page 9), espérant que le sujet soit porteur.

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Un habitant de Berneval-le-Grand s’est inquiété du traitement des déchets radioactif­s.

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