Prostitution : racolage sur les réseaux sociaux
Les réseaux sociaux servent de plus en plus de relais aux prostituées, notamment lors des grands évènements comme la Solitaire du Figaro ou la Foire aux harengs.
À Rouen, le 5 décembre dernier, un réseau de prostitution a été démantelé par la Brigade de répression du proxénétisme de la Sûreté départementale de Seine-Maritime. Une quinzaine de personnes ont été interpellées et placées en garde à vue dont quatre hommes et des jeunes femmes, parfois mineures. Ils se faisaient connaître par le biais de sites de petites annonces sur internet. Mais le phénomène ne touche pas que les grandes villes, il tend même à s’étendre vers les cités de taille moyenne.
Démanteler un réseau
À Dieppe, lors de grandes manifestations telles que la Foire aux harengs ou pendant la Solitaire du Figaro, de nombreux messages coquins voire vraiment salaces pullulent sur la toile, notamment sur Twitter. Des photos souvent explicites les accompagnent. De quoi attirer le chaland… Les annonces inondent le flux info de l’application. En mots-clés apparaissent la commune de Dieppe, parfois le nom du département, d’autres villes… Un système bien rodé, tenu par des professionnels, permet de générer du contenu à un rythme soutenu.
Reste à savoir comment entrer en contact avec le réseau de prostitution qui se cache derrière ces annonces ? Sans doute, suffit-il de suivre la personne qui a posté le message. Ces pratiques relèvent du big data [de plus en plus de données stockées sur internet] et de l’utilisation des réseaux sociaux comme principal moyen de communication. Depuis un peu plus d’une dizaine d’années, la prostitution n’investit plus la rue mais le Net. Le centre de lutte contre les criminalités numériques est chargé de surveiller les contenus numériques douteux.
Pour les forces de l’ordre, l’intérêt n’est pas tant d’arrêter une prostituée que de démanteler un réseau. Les enquêtes peuvent prendre des semaines, voire des mois, pour remonter jusqu’aux proxénètes qui en tirent les ficelles. À Dieppe, en juin 2017, trois personnes ont été interpellées en flagrant délit de prostitution après plusieurs jours de filature.
Les investigations sont restées discrètes le temps de remonter jusqu’aux divers maillons de la chaîne. Une situation que certaines victimes, notamment des propriétaires passant par le site Airbnb ( voir ci-dessous), ont du mal à comprendre : « Pourquoi ne pas interdire ces sites de racolage sur le Net ! » souligne une propriétaire dieppoise.
Selon l’AFP, « Vivastreet [site de petites annonces en ligne] est visé par une enquête préliminaire du 15 février pour « proxénétisme aggravé, après le dépôt d’une plainte l’accusant d’héberger des mil- liers de petites annonces de prostitution déguisée » .
L’enquête a été confiée à l’OCRTEH, l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains de la police judiciaire. Et là encore, Dieppe n’est pas en reste. Hier, lundi 11 décembre, à l’heure où nous mettions sous presse, sept annonces coquines proposaient « des massages » avec des jeunes femmes d’origine européenne ou étrangère. Certaines dévoilaient même leur numéro de téléphone.
Les photos sont suggestives, sans doute fausses, servant de vitrine pour ces prostituées qui ne prendraient pas le risque de se montrer à visage à découvert. L’une d’elle indique « être de passage » à Dieppe. Là encore, une pratique bien connue des réseaux. Ces femmes restent rarement plus d’une semaine dans un même lieu avant de se rendre dans une autre ville, parfois à l’autre bout de la France.