Un sujet tabou chez les hébergeurs
Pour pouvoir accueillir leurs clients, les prostituées, de passage pour quelques jours dans une ville, sont souvent hébergées dans des appartements de particuliers. Le site de location Airbnb est largement utilisé pour ces nouvelles pratiques. Partout en France, les services de police enquêtant sur les réseaux de prostitution remarquent la tendance. Comme dans cet article du quotidien Nice Matin, datant de la mi-novembre 2017, où l’on apprend que des prostitués oeuvraient dans un logement loué sur internet. Ce sont les voisins qui se sont inquiétés du passage incessant d’hommes.
En juin dernier, à Dieppe, trois personnes avaient été interpellées dans un appartement après plusieurs jours de filature. Dont deux Brésiliennes, d’une trentaine et quarantaine d’années, qui occupaient les lieux depuis au moins une semaine quand la brigade de sûreté départementale est intervenue. Pour récupérer les clés, un homme s’était présenté aux propriétaires, indiquant qu’il était en déplacement de travail dans la cité d’Ango. Rien ne laissait présager l’activité qui allait s’y dérouler. C’est également le voisinage qui a donné l’alerte.
À l’intérieur du logement, les pratiques sont souvent les mêmes : des matelas posés à même le sol, des bouteilles d’alcool en nombre, la luminosité des ampoules atténuée… « J’ai déjà eu des problèmes comme cela, il y a deux ans, indique une propriétaire d’un logement meublé à Dieppe. Il faut être très vigilant… ». Un sujet délicat chez les hébergeurs : « C’est tabou ! » disent- ils. En effet, le bien pourrait être dévalué, les rumeurs ou autres informations circulent vite dans une petite ville portuaire. « Les propriétaires risquent d’être catalogués » , ajoute un Dieppois.
Pas d’alerte particulière
À l’office de tourisme de Dieppe, le directeur n’a pas jugé utile de communiquer sur le sujet auprès des hébergeurs postant des annonces de locations sur le site. « Mais si cela devenait inquiétant, nous le ferions », souligne-t-il. Avant l’affaire de juin dernier, il n’a entendu parler de ses pratiques qu’une seule fois. « C’est un phénomène national » , poursuit- il. Un sujet délicat qui ne délie pas les langues… En janvier 2015, deux Parisiens témoignent sur Rue89 pour décrire leur questionnement : « Ai-je été proxénète en louant mon appart’ via Airbnb ? » .
D’après la loi, pas de raison de s’inquiéter tant qu’il n’y a pas eu intention de céder l’appartement pour une activité de prostitution.