Sportif, comme les autres
Dans le quartier du Val Druel à Dieppe, Olivier Dupont a créé il y a deux ans une association sportive mêlant les personnes en situation de handicap et les valides. Il aimerait être rejoint par davantage de personnes pour que les regards changent.
Olivier Dupont est le président de l’ASHVD, l’Association sportive pour personnes handicapées et valides dieppoises. Il est malvoyant depuis quelques années. En 2015, pour rompre l’isolement des personnes atteintes d’un handicap, il a créé ce club dans le quartier du Val Druel à Dieppe où il habite. Olivier Dupont aimerait compter plus d’adhérents valides ou non. Samedi dernier dans le cadre du Téléthon, il proposait à la salle de sport Oscar-Niemeyer un parcours à l’aveugle et à la canne blanche pour sensibiliser le grand public. Quel est l’objectif de votre association ?
Elle a pour but de réunir des personnes valides et handicapées pour pratiquer ensemble des activités sportives dans différents domaines. Nous faisons beaucoup de marche sportive à bâton. Nous souhaitons que le regard porté sur le handicap change. Malheureusement, nous ne sommes que six adhérents dans cette association qui a été créée il y a deux ans. Les personnes lourdement handicapées peuvent-elles trouver une place parmi vous ?
Oui. Je n’aime pas qu’on s’apitoie sur son sort. Moi, par exemple, je suis malvoyant, j’ai un spina-bifida de naissance, une hydrocéphalie, je suis épileptique et je fais de l’apnée du sommeil. J’ai plusieurs handicaps, cela ne m’empêche pas de pratiquer des activités sportives. Dans l’association, il y a aussi des personnes qui ont des handicaps psychiques ou qui sont atteintes d’une maladie comme la sclérose en plaque. C’est essentiellement de la marche sportive que vous proposez ?
Nous avons le projet de faire un partenariat avec l’hôpital de jour pour une activité cerf-volant quand ce sera les beaux jours. Nous voudrions nous étendre à d’autres associations. Nous proposons essentiellement des activités en plein air. En marche, nous allons dans tous les quartiers de Dieppe. À chacune de nos sorties, nous avons au moins un valide avec nous.
Le défi Dieppe - Rouen en tricycle
Le regard des valides sur les personnes en situation de handicap change-t-il ?
Pas vraiment. Et si nous voulons accueillir des valides, c’est pour faire changer ce regard. En ce qui me concerne, cela fait huit ans que je suis malvoyant. Mais je ne suis pas sourd : j’entends bien les gens qui s’étonnent de me voir marcher assez vite par rapport à ma cécité. Et ce que j’entends ne me fait pas forcément plaisir… A cause de ma vitesse de marche, on m’a déjà dit que j’étais un faux malvoyant. Vous avez un projet un peu plus personnel aussi ?
J’ai le projet de faire Dieppe - Rouen en tricycle spécialement adapté aux personnes handicapées. Je compte partir sur ce tricycle avec un valide qui m’accompagnera à vélo. Si je vais trop à gauche ou trop à droite, par exemple, il me guidera. Je n’ai pas encore fixé la date, ce ne sera pas tout de suite en tout cas. Mais je tiens à faire ce défi-là pour l’association. Je veux faire passer le message que même si on a un handicap, cela n’empêche pas de faire de sport.