« La balle est dans leur camp »
« Le cinéma fait partie intégrante de notre établissement. Le bâtiment porte le nom de Jean Renoir et la première pierre fut posée par François Truffaut. On n’efface pas d’un coup de gomme une activité qui est au coeur du projet de DSN. D’autant qu’elle est implantée depuis 35 ans et fonctionne chaque année avec plus de force. Nous pouvons d’ailleurs regretter qu’un geste architectural n’ait pu exister avant, permettant l’existence d’une ou deux salles Art et Essai au sein de la Scène Nationale » , explique Philippe Cogney, directeur de DSN.
« Cependant, nous n’avons jamais été opposés à l’arrivée d’une offre plus large à Dieppe. Dans le multiplexe, on nous a proposé une salle avec un loyer de 80 000 € par an en ne pré- sentant pas plus de deux films par jour. Nous ne disposons pas de ces moyens. L’arrivée d’un multiplexe proposant de l’Art et Essai pose problème si des règles du jeu ne sont pas posées » , ajoute-t-il.
« Un engagement insuffisant »
« Nous ne demandons pas de monopole, assure Philippe Cogney, simplement que le multiplexe ne s’oppose pas à ce que nous programmions les films d’Art et Essai « porteurs ». Nous réalisons 50 % de nos recettes avec une poignée d’entre eux (Woody Allen, Ken Loach, Pedro Almodovar…) qui, outre leurs résultats propres, sont capitaux en termes d’effet d’entraînement pour la vie de la maison. Ce sont ces films-ci que le multiplexe va diffuser et les distributeurs lui donneront certainement priorité sur DSN parce que sa surface d’exposition sera beaucoup plus importante. »
« Notre cinéma perdra alors mathématiquement 50 % de ses spectateurs, ce qui fragilisera l’économie de la Scène…, souligne le directeur. C’est pourquoi un engagement de programmation doit exister. À l’heure actuelle, le document présenté s’avère insuffisant et ne protégera aucunement l’activité de DSN. La balle est dans le camp du multiplexe : que celui-ci dépose un véritable engagement, comme c’est le cas partout en France en pareille situation, et les associations et syndicats nationaux de défense du cinéma Art et Essai n’auront pas de raison de faire recours. »