Un peu de glamour pour Abraham Duquesne
« Mode, couture, savoirvivre »… Déjà quelques Dieppoises se dirigent vers la place Nationale. Nous sommes le vendredi 29 mai 1959 et aujourd’hui la caravane de « ELLE » campe de 15 h à 23 h sous la statue de Duquesne.
À Dieppe, on ne présente plus le valeureux marin mercenaire mais qu’en est-il de l’hebdomadaire féminin ? Cette année, il propose des animations itinérantes qu’il promet « divertissantes, amusantes et utiles ». C’est ainsi que le temps d’une journée, l’élégance parisienne un brin sophistiquée va s’échapper des pages de la revue pour atterrir sur les places des petites villes de province. Aujourd’hui, c’est sous le regard d’Abraham Duquesne à Dieppe.
Le spectacle sera permanent avec 10 défilés de mannequins qui présenteront une collection à la dernière mode de robes spécialement dessinées pour « ELLE » . Les jeunes filles se pressent. Vêtues pour beaucoup d’entre elles de robes en vichy et coiffées de hauts chignons crêpés, nos BB locales attrapent ce morceau de rêve qui passe à leur portée.
Les Dieppois ne sont pas en reste : « Partout où elle passe, la caravane avec ses présentations de mode, ses démonstrations culinaires, ses jeux soulève aussi l’intérêt des hommes puisqu’il est bien certain que les maris lisent autant « ELLE » que leurs épouses. »
Quelques privilégiées gagnent le droit d’investir le podium où Nicole Levasseur, la célèbre esthéticienne officie devant le public. Elle livre quelques astuces beauté et révèle les nouvelles tendances du maquillage pour l’été. Ce sera oeil de biche et lèvres nacrées. Un artiste capillaire exécute la dernière création de coiffure dans le style « ELLE », tandis qu’en cinq minutes, une hôtesse confectionne une robe et enseigne des secrets de haute couture faciles à réaliser.
Mais passons à des choses moins frivoles car une femme moderne excelle aussi dans les tâches domestiques. Un appareil magique permet de passer le Permis de Conduire Ménager et Culinaire. Avis aux expertes ! Tout en s’amusant, les candidates peuvent ainsi obtenir le diplôme de la parfaite maîtresse de maison.
Il paraît que ce jour- là, du haut de sa pérennité et sous son panache de bronze, Abraham Duquesne, bien que légèrement amusé, n’a rien laissé paraître.