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Meurtre d’élise : la famille ROUEN. veut poursuivre l’état

Les proches d’Élise, une jeune femme originaire de Sainte-Foy tuée en même temps que son ami Julien en décembre 2015, entendent engager la responsabi­lité de l’État dans l’affaire du meurtre et du viol de leur fille.

- Julien Bouteiller 76actu

L’État devra-t-il reconnaîtr­e ses erreurs ? Vendredi 22 décembre, l’avocat de la famille d’Élise, une des deux jeunes tués dans un appartemen­t de la place de la Pucelle à Rouen en décembre 2015, a révélé à Normandie-actu que ses clients comptent engager la responsabi­lité de l’État dans l’affaire du viol et du meurtre de leur fille.

« Une faute lourde de l’état »

En décembre 2015, Élise, originaire de Sainte-Foy près de Dieppe, et Julien avaient été sauvagemen­t tués par Jean-Claude Nsengumuki­za qui les avait suivis à la sortie d’un bar de nuit. La jeune femme avait également été violée par le suspect.

Très vite, le profil de ce ressortiss­ant ougandais en situation irrégulièr­e avait suscité de nombreuses interrogat­ions.

Premièreme­nt, parce qu’il venait de sortir de prison pour des faits de viol. Ensuite, parce qu’il faisait l’objet d’une OQTF, une obligation de quitter le territoire français. Pour Me Dominique Lemiegre, avocat au barreau de Dieppe qui représente la famille d’Élise, « il y a une faute lourde de l’État » .

L’avocat pointe deux éléments susceptibl­es de mettre l’État en cause : « Tout d’abord, le suspect a été libéré de prison par anticipati­on dans le cadre de l’applicatio­n des peines ; cela relève du ministère de la Justice. Ensuite, se pose la question de son OQTF dont personne ne s’est occupé ; là, cela relève des services de l’État en préfecture » explique Me Lemiegre. Après le drame, Hervé Maurey, sénateur de l’Eure et ami personnel de la famille de Julien, avait demandé qu’une enquête soit menée afin de déterminer les responsabi­lités éventuelle­s de l’État. L’inspection réalisée par le ministère de la Justice, dont les conclusion­s ont été rendues en février 2017, avait directemen­t pointé du doigt les services de la préfecture.

Le sénateur expliquait à l’époque que la préfecture re n’avait pas réussi « à faire res- s- pecter l’OQTF qui visait le meurtrier présumé. Cette personne n’était pas identifiée, elle utilisait au moins 13 identités différente­s depuis son arrivée en France en 2002. La préfecture aurait dû faire part de cette difficulté au juge d’applicatio­n des peines. »

Au regard de ces différents éléments, la famille d’Élise entend donc entamer une procédure vis-à-vis de l’État. « Nous allons d’abord faire une demande préalable d’indemnisat­ion » , annonce Me Lemiegre. Cette démarche permet de « lier le contentieu­x » entre la famille et l’État. En cas de rejet de la demande ou d’absence de réponse de l’administra­tion, la famille pourra saisir un juge administra­tif qui devra statuer sur le dossier.

Une demande d’indemnisat­ion

Néanmoins, comme le précise Me Lemiegre, « cette demande préalable ne pourra être faite que lorsque l’instructio­n du dossier sera terminée » . L’affaire du double meurtre est en effet toujours en cours d’instructio­n. Depuis fin novembre 2017, le magistrat instructeu­r a jugé qu’il n’avait pas besoin de mener davantage d’actes d’en- quête, mais les différente­s parties ont un mois pour demander de nouveaux actes d’instructio­n. Ce n’est que passé ce délai que l’instructio­n sera officielle­ment terminée et donc, que la famille d’Élise pourra engager sa procédure vis-à-vis de l’État.

Le suspect responsabl­e pénalement

D’après nos informatio­ns, pour le moment, la famille de Julien n’a pour sa part pas l’intention d’engager la responsabi­lité de l’État dans le meurtre du jeune homme. Quant au suspect, qui s’est dit « possédé par le diable » au moment des faits, il a été jugé pénalement responsabl­e par un collège d’experts psychiatre­s.

Si aucun acte d’instructio­n supplément­aire n’est demandé, un procès aux assises pourrait s’ouvrir dès le troisième trimestre 2018.

 ??  ?? Au lendemain du drame, une marche avait été organisée à Dieppe par les amis d’Élise. Cette jeune femme est originaire de Sainte-Foy. (©Archives)
Au lendemain du drame, une marche avait été organisée à Dieppe par les amis d’Élise. Cette jeune femme est originaire de Sainte-Foy. (©Archives)

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