Guillaume, pêcheur de tous les records
Originaire de Boulogne-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais, Guillaume Fourrier a pris ses quartiers à Dieppe voilà quelques années. Exerçant pour l’une des plus grandes marques de matériel de pêche, il collectionne par ailleurs les prises record.
1994. Guillaume Fourrier, 13 ans, jette ses premiers hameçons depuis les quais de sa ville natale à Boulogne-sur-Mer. Vingt-quatre ans plus tard, le nordiste aujourd’hui installé à Puys a pris du galon. Directeur marketing de Daiwa, l’une des plus grandes marques de matériel de pêche au monde, il compte parmi les références nationales en matière de pêche sportive. En janvier dernier, il a publié son 11e ouvrage relatif à cette discipline, dans laquelle il collectionne les records (voir encadré). Le dernier en date – le 26e – remonte au 31 novembre dernier quand, au large de Dieppe, il a remonté une raie bouclée de 4,8 kg. Record de France.
Avant d’en arriver là, le Dieppois d’adoption a suivi un parcours atypique, bien que très cohérent. Nageur de bon niveau dans sa jeunesse, il délaisse sa première passion à mesure qu’il découvre le monde halieutique. Alors qu’il est encore lycéen, il monte un site dédié à la pêche aux appâts.
« Je ne trouvais pas ce que je voulais sur internet, explique-t-il. Je me suis donc isolé deux semaines durant, à dormir trois heures par nuit, pour créer mon propre site. » Les publications du jeune homme font rapidement parler d’elles et son site devient peu à peu une véritable référence.
« Plutôt un gros que 30 petits »
« Je n’avais rien à vendre et j’avais peu d’expérience, mais j’apprenais en décrivant ce que je voyais, assure Guillaume Fourrier. Mon image a été perçue comme rafraîchissante, puisque je publiais des photos de beaux poissons, dans des cadres naturels et avec une certaine éthique. En refusant par exemple de publier des images de poissons morts ou de réaliser des pêches abondantes. Un gros poisson vaut mieux que 30 petits ! »
Après avoir entamé des études de développement informatique afin d’améliorer son site, il les arrête en cours de route et quitte son Pas-de-Calais natal pour La Rochelle, où l’un de ses sponsors lui met à disposition une embarcation semirigide. « Il m’a demandé de créer un bateau de série dédié à la pêche sportive, se souvient Guillaume. Durant trois ans, j’ai découvert les environs de La Rochelle, tout en commençant à écrire un peu, puis de plus en plus, pour des magazines spécialisés comme Loup & Bar ou Pêche en Mer. »
Entre la pêche, son site internet, ses collaborations avec les sponsors, la rédaction d’articles, de livres, le tournage de documentaires, le perfectionnement de ses talents de photographe et sa vie de couple, Guillaume n’a pas le temps de s’ennuyer. Dans la foulée, il décroche pourtant son « premier vrai métier » , quand l’entreprise Sert, basée à Bordeaux, lui propose de devenir concepteur de matériel de pêche au leurre.
Addict au bar
Ce qui lui permet de se consacrer « à 80 % à la pêche au bar » , son poisson favori : « On peut l’attraper dans des endroits insoupçonnés : depuis les enrochements des plages, au large, en surface ou plus en profondeur… Cette pêche est complètement addictive ! »
Toutefois, Bordeaux étant à une heure de la mer, ses sorties en bateau se raréfient. En 2012, il décide donc de saisir l’opportunité qui se présente à Rouen, au sein de l’entreprise Daiwa. L’occasion de se rapprocher en même temps de sa famille et de la côte était trop belle. « Après avoir observé l’éventail des communes de bord de mer situées à proximité de Rouen, j’ai opté pour Dieppe, indiquet-il. Sa taille et son petit port bien intégré me plaisaient. » Après un passage par Bellevillesur- Mer, il est installé depuis quatre ans dans le hameau de Puys où, derrière la fenêtre de son salon, la vue est imprenable sur son jardin, la mer. « Quand je veux tester un leurre, il me suffit de descendre sur la plage ! » , sourit-il.
Tantôt depuis les rochers puyséens, tantôt en paddle à quelques mètres du bord, tantôt au large, Guillaume Fourrier a ainsi réalisé quelques-unes de ses plus belles prises à proximité de la ville aux quatre ports. « En 2014, j’ai notamment pris un bar de 8,6 kg au cap d’Ailly, un record du monde » , rappelle- t- il. Depuis quelques années, le pêcheur chevronné a en effet « compris que cer- tains poissons [qu’il prenait] étaient homologables en records » . Afin de les authentifier, il doit les faire peser sur une balance certifiée, telle celles dont disposent les commerçants. Les employés du Carrefour Market de Neuville-lès-Dieppe ont donc de temps à autre la surprise de le voir débarquer accompagné d’un joli spécimen !
En mer avec Jumel et JPP
Lorsqu’il s’agit d’un record du monde, l’association américaine qui gère les homologations requiert également la signature d’un « homme de loi » . Pour ce faire, voilà quelques années, Guillaume Fourrier sollicite le maire de Dieppe, Sébastien Jumel à l’époque. L’élu ayant manifesté de l’intérêt pour son activité, le pêcheur lui propose une sortie en mer. Quelque temps plus tard, tous deux se retrouvent un matin, en compagnie du premier adjoint Nicolas Langlois. « Sébastien Jumel a pris un joli bar » , se souvient celui qui a également pris le large en compagnie du footballeur Jean-Pierre Papin, né à Boulogne-sur-Mer lui aussi.
Son meilleur souvenir ne doit en revanche rien à la présence de célébrités. Il s’agit en effet de la première pêche en mer de son plus jeune fils, le jour de ses quatre ans. « On est partis à l’arrache, vers un bon 10 h, et il a pris un bar de 6,2 kg ! Une prise qui a rendu son papy jaloux : de toute sa vie, il n’en a jamais attrapé un si gros ! s’amuse Guillaume Fourrier. De retour à la maison, nous avons découpé le poisson en darnes et l’avons cuit au barbecue avant de le déguster en famille… C’était génial ! »