Les Informations Dieppoises

« Je suis un constructe­ur »

Yves Lefrique est maire de Fontaine-le-Dun depuis 1991. L’enfant du pays tient à son village pour lequel il s’est toujours investi. Il entre en effet à la municipali­té dès 1971, en tant que conseiller municipal. L’homme souhaite surtout être utile.

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Yves Lefrique est né à Fontaine-le-Dun. Il a été artisan en peinture, vitrerie et décoration. Conseiller municipal dès 1971, il est premier adjoint de 1977 à 1989. Alors que son prédécesse­ur Georges Giffart démissionn­e, il devient maire à l’âge de 49 ans en 1991. « J’aime ma commune, j’y tiens énormément, détaille Yves Lefrique, et j’ai pensé que je pouvais lui être utile. » Au miroir de la mer s’éclairent la fonction et l’homme qui l’exerce. Que vous inspire la mer ?

La beauté à l’état pur et la crainte de la voir disparaîtr­e, se raréfier en étant exploitée d’une façon inconséque­nte. À quelle occasion pourriezvo­us utiliser l’expression ce n’est pas la mer à boire ?

Je suis un positif. Je n’attache aucune importance aux détails. Il y a des choses légères, futiles. La rumeur publique, par exemple, qui à 80 % est le contraire de la vérité. Qu’est-ce qui vous laisse un goût amer ?

La façon dont l’État traite aujourd’hui les collectivi­tés locales. Au fur et à mesure, il les sevre de leurs revenus. La dotation globale de fonctionne­ment est passée de 100 000 € en 2014 à 25 000 aujourd’hui. Dès lors, il ne faudra compter que sur l’apport fiscal des administré­s. Qu’est-ce qui est susceptibl­e de vous déchaîner ?

Je ne me mets pas en colère. Mais avec 25 % d’impôt local en augmentati­on, je comprends qu’on puisse se révolter. J’ai expliqué que c’était un état de fait indissocia­ble de la réalité. Je ne peux pas promettre aux Fontainais que l’impôt n’augmentera plus. Le maire est dépendant de la volonté de l’État. Mais un maire ne se met pas en colère. Il fait remonter l’informatio­n à sa hiérarchie, informe les législateu­rs : le député et le souspréfet. Qu’est-ce qui vous fait chavirer ?

Les retours des administré­s. Nous avons pénalisé 460 foyers fiscalemen­t, lourdement. Une quinzaine a montré son indignatio­n à la mairie et finalement, la majorité a compris les raisons. La commune n’y est pour rien, elle ne dépense pas maladroite­ment. Par ailleurs, le commerce rural continue de se développer et le monde associatif. Il y a encore des gens pour investir à Fontaine. Bientôt, une fleuriste devrait s’installer rue Pasteur et tous les commerces du village seront occupés. Ce qui vous donne envie de mettre les voiles ?

J’irai au bout de ce mandat où j’aurai 50 ans de mairie. Je partirai, mais il y aura un manque. De plus, avec la communauté de communes de la Côte d’Albâtre, la mairie a moins de compétence­s alors que je suis un constructe­ur. On est presque arrivé au statu quo à part le milieu médical dont on s’occupera en 2018… Une mairie qui n’a pas de projets, c’est une commune morte. Qu’est-ce qui mérite d’être traversé ?

La question démographi­que. En trois ans, nous avons construit 65 pavillons. À côté de ça, il y a eu des projets de démolition qui ont pu déranger. Par exemple, un pavillon neuf pour construire la voirie. Il y a 30 ans, la démolition de la salle des fêtes en bois qui aurait pu être classée monument historique à la place de laquelle on a construit la salle Bourvil. Ça faisait mal au coeur mais il fallait le faire. Comme les anciennes «hallettes» en bois dans les années 90 qui abritent désormais neuf pas- de- porte commerciau­x. Que voyez-vous à l’horizon ?

La mise en place de grosses intercommu­nalités qui verront la disparitio­n d’un grand nombre de communes. Dès 2020, la prise de compétence des intercommu­nalités sera presque totale. Il ne restera aux mairies que l’entretien des cimetières et le repas des anciens… Mais il est normal que certaines petites communes disparaiss­ent. Politiquem­ent parlant, le bleu de la mer vous convient-il ?

Oui. Un bleu limpide et pur.

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Pour Yves Lefrique, une commune, c’est un ensemble de bâtiments, de foyers, une démographi­e à maintenir et des constructi­ons en conséquenc­e.

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