L’ombre de Cocteau va planer sur le château
Le château de Bosmelet axe son programme estival sur Jean Cocteau. Pendant quatre mois, plusieurs dizaines d’oeuvres inédites de l’artiste seront exposées et mises en scène. Des conférences, des spectacles et des concerts viendront compléter le programme.
C’est une série d’événements culturels exceptionnels qui sera proposée cet été au château de Bosmelet à Auffay. En plein coeur du pays de Caux, à michemin entre Dieppe et Rouen, Alain Germain et Vincent Vivès, les propriétaires des lieux, proposent un programme consacré à Jean Cocteau.
À cette occasion, plusieurs dizaines de dessins de l’artiste funambule touche-à-tout, dont 33 autoportraits, seront exposées dans le château. Les oeuvres n’ont pour la plupart jamais été présentées au grand public et pour cause, elles proviennent de collections privées.
Des séjours à Offranville et Varengeville
Si Cocteau a séjourné pendant un mois chez son ami Jacques- Emile Blanche au Manoir du Tôt à Offranville à l’automne 1913 et s’est rendu régulièrement au Bois des Moutiers à Varengeville-sur-Mer, il n’est semble-t-il jamais venu à Auffay. « Quand mon amie et écrivaine Dominique Marny, la petite-nièce de Jean Cocteau, est venue au Bosmelet, elle m’a dit en voyant mon travail, mon ambiance : Mais c’est Cocteau ici, c’est Cocteau ici… » , confie Alain Germain, metteur en scène, acteur, écrivain, artiste décorateur et costumier.
À compter du 23 juin et jusqu’au premier week- end d’octobre, les visiteurs entreront dans le château de Bosmelet en découvrant une partie du travail d’Alain Germain avant de pénétrer dans l’univers Cocteau. « Nous présenterons les affiches originales des pièces les plus célèbres de Cocteau, prévient le châtelain. Et nous allons reconstituer une table Cocteau, celle de La Belle et la bête, avec de grands chandeliers et des garnitures. Par ailleurs, la maison Raynaud, un grand porcelainier de Limoges, va rééditer pour la première fois la vaisselle Cocteau, nous l’aurons ici en avant-première » .
Alain Germain a également sollicité des artistes plasticiens pour apporter une évocation à celui qui était surnommé Le Prince frivole durant sa jeunesse. En avant- première, le comité Jean-Cocteau et la Maison Jean-Cocteau diffuseront au Bosmelet, tout le temps de l’exposition, un film dont la réalisation vient de s’achever sur la vie de l’artiste.
Des concerts exceptionnels
Cette saison autour de Cocteau sera marquée par des concerts. Le ténor suisse Andreas Jaeggy donnera un récital avec une création réalisée au Bosmelet pour l’occasion. Cet artiste aux multiples talents devrait aussi interpréter le récital La Dame de Monte-Carlo.
« Nous accueillerons aussi un concert de harpistes qui a été créé spécialement pour la chapelle Cocteau de Milly-laForêt l’année dernière, indique Alain Germain. Le pianiste Laurent Lamy et la mezzo Marie Gautrot donneront un récital sur Cocteau en reprenant notamment des oeuvres du compositeur Darius Milhaud » . Au moment de la Première Guerre mondiale, Jean Cocteau a réussi à influencer autour de lui six musiciens – Georges Auric, Louis Durey, Arthur Honegger, Darius Milhaud, Francis Poulenc, et Germaine Tailleferre – dont leurs travaux réagissaient essentiellement contre l’impressionnisme et le wagnérisme.
« Un voyage onirique »
Ce « Groupe des six » comme le surnommait la presse de l’époque, sera évoqué par un concert de Laurianne Corneille, pianiste, accompagnée de Vincent Vivès, le récitant et doyen de la faculté des lettres, langues et arts de Valenciennes. « Il va y avoir des pièces de piano des amis de Cocteau entrecoupées de lecture de ses poèmes, précise Vincent Vivès. C’était un groupe avantgardiste qui avait pris pour mot d’ordre un texte de programme esthétique de Cocteau Le Coq et l’arlequin : la France contre Wagner. C’est le grand manifeste esthétique de la modernité parallèle au surréalisme » .
Au Bosmelet, il n’y aura quasiment pas une seule semaine sans un événement. Outre les expositions et les concerts, des conférences sont également prévues. « Cela va être un voyage onirique dans l’esprit Cocteau » , promet Alain Germain. Tout un travail sur Tristan Tzara, le père du Dadaïsme sera présenté mais aussi un spectacle sur Van Gogh, l’un des peintres préférés de Cocteau. 0 @a_ benard