Les Inrockuptibles

“le principal obstacle de Marine Le Pen reste son image”

L’historien Nicolas Lebourg, spécialist­e de l’extrême droite, analyse les résultats du premier tour des régionales et un score qu’il estime “historique” pour le Front national.

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Après les européenne­s, le FN est-il à nouveau le grand gagnant de ce scrutin ?

Nicolas Lebourg –

C’est un résultat historique. La dernière fois que le FN a fait parler de lui lors d’un scrutin régional, c’était en 1998, mais parce qu’il avait répandu le chaos à droite dans l’entre-deux-tours. Là, il fait parler de lui de manière constructi­ve puisqu’il est en mesure de l’emporter dans plusieurs régions. On ne sait pas encore s’il sera le grand gagnant de cette élection mais le “Front républicai­n” le positionne naturellem­ent comme “l’ennemi du système”.

A quelle gestion peut-on s’attendre de la part du FN ?

Les frontistes sont dans une situation idéale. Leur seul souci est d’éviter des erreurs majeures avant la présidenti­elle. Pour cela, ils ont tout intérêt à limiter leurs actions et à réaliser un audit. Il y a eu dans les collectivi­tés territoria­les des pratiques clientélis­tes, que ce soit à gauche ou à droite, je ne vois pas pourquoi le FN se priverait d’un audit réalisé par des cabinets extérieurs et dont les résultats seraient publiés juste avant la présidenti­elle, en janvier 2017.

Depuis sa victoire aux élections européenne­s, le FN donne l’impression d’être sur une vague électorale irrésistib­le. Cela reflète-t-il l’état du parti ?

Non, pas du tout. Après les attentats du 13 novembre, les tweets de plusieurs cadres du FN qui ont immédiatem­ent instrument­alisé les attentats ont montré que le FN était encore capable d’erreurs de communicat­ion majeures. Le Front national est loin d’être un mouvement monolithiq­ue. Après la querelle des anciens acquis à Jean-Marie Le Pen et des modernes proches de Marine Le Pen, on observe des tensions entre les nouvelles vagues d’adhésions frontistes. Lorsque la direction frontiste se félicite d’avoir débauché un cadre venu de la droite, la base s’énerve de le voir placer en position éligible. Les militants prolétaire­s et venant des quartiers difficiles supportent mal de voir des cadres supérieurs récupérer toutes les places éligibles sous prétexte qu’ils n’ont pas été “investis” par Nicolas Sarkozy. Le FN a longtemps été un parti d’intégratio­n sociale pour les classes moyennes inférieure­s et les classes populaires. Avant, avec le petit nombre de militants

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