La députée PS Sandrine Mazetier en croisade contre BFMTV ?
“Il ne s’agit pas de focaliser sur BFMTV, estime la députée PS de Paris Sandrine Mazetier. Mais la chaîne symbolise la dérive des médias et la logique d’audience qui se fait au détriment de l’information objective et de la rationalité.” En déposant le 18 novembre un amendement pour contrôler la presse durant l’état d’urgence – une disposition de la loi de 1955 que l’exécutif souhaitait supprimer –, la vice-présidente de l’Assemblée nationale visait donc plus large. L’amendement, soutenu par une douzaine de députés, exposait qu’“au moment des attentats de janvier 2015, des manquements ont été constatés dans le traitement des attentats”. Il s’en prend autant au magazine Le Point, qui avait publié en une le 15 janvier la photo de l’assassinat du policier par les frères Kouachi, qu’à BFMTV, qui avait révélé le 9 janvier au cours de la prise d’otages à l’Hyper Cacher de Vincennes par Amedy Coulibaly qu’une femme était cachée dans la chambre froide. Dès la fin janvier, la parlementaire avait dénoncé l’attitude de BFMTV. Ces attaques lui valent quelques railleries du directeur de la chaîne, Guillaume Dubois. Lequel pointe, dans un récent ouvrage, quelques incohérences de l’élue.
Mais Sandrine Mazetier persiste : “Au lieu d’être un contreexemple, la chaîne, déjà mise en garde au moment de l’affaire Merah, a servi de modèle, contaminant jusqu’au service public.” Elle souligne que France 2 et France 3 auraient repris les images de la fusillade du 13 novembre dans le restaurant Casa Nostra, achetées par le quotidien britannique Daily Mail. “Ce n’est pas BFMTV qui les a diffusées mais on est dans une logique qui pousse au dérapage”, selon elle. Celle qui “ne croi( t) pas en l’autorégulation” fait maintenant figure de censeur. “A entendre certains, c’est comme si j’avais voté les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, dénonce-t-elle. Mais je ne voterai les pleins pouvoirs ni au Daily Mail, ni à BFMTV.” DSA