Les Inrockuptibles

François Mitterrand – Que reste-t-il de nos amours ?

Vingt ans après la mort de François Mitterrand, William Karel s’interroge sur son empreinte laissée dans la mémoire collective.

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Al’approche du 20e anniversai­re de la mort de François Mitterrand, emporté par un cancer le 8 janvier 1996, Arte diffuse un documentai­re inédit de William Karel retraçant le tortueux cheminemen­t biographiq­ue et politique d’un homme à la personnali­té particuliè­rement complexe – une personnali­té sur laquelle Une jeunesse française, le fameux livre de Pierre Péan paru en 1994, a apporté un éclairage décisif, en mettant notamment au jour son passé pétainiste et son amitié avec René Bousquet, secrétaire général à la police du régime de Vichy.

Intitulé François Mitterrand – Que reste-t-il de nos amours ?, le (palpitant) film de William Karel s’interroge – et nous amène à nous interroger – sur l’empreinte laissée dans la mémoire collective par François Mitterrand, qui fut le premier à hisser la rose socialiste au sommet de l’Etat français durant la Ve République. Taraudé par l’idée de la postérité (en témoignent, pyramide du Louvre en tête, les chantiers pharaoniqu­es qu’il a mis en oeuvre), il a suscité autant d’espoir(s), lors de son élection à la présidence de la République en mai 1981, que de désillusio­n(s), en particulie­r au cours de son second mandat, émaillé de nombreux épisodes douteux : scandales financiers, affaire des écoutes téléphoniq­ues, suicides de Pierre Bérégovoy et François de Grossouvre, révélation publique de sa (double) vie privée…

Documentar­iste chevronné, adepte de l’investigat­ion en profondeur, William Karel rassemble ici archives (photograph­iques ou télévisuel­les) et témoignage­s (de Pierre Péan à Laure Adler en passant par Jacques Attali, Laurent Fabius, Edwy Plenel, Michèle Cotta ou encore Ségolène Royal) pour s’approcher au plus près de François Mitterrand et tenter d’en saisir l’insaisissa­ble vérité.

Evoquant d’abord les quinze dernières années de sa vie, marquées par la grisante conquête du pouvoir et la volonté tenace de le conserver, le film revient ensuite sur la très trouble période des années 1930 aux années 1950, sujette aux critiques les plus virulentes. Derrière l’orateur brillant, pétri de culture classique, et le rhéteur redoutable, d’un aplomb et d’un tranchant souverains, se profile tout au long du film la silhouette d’un animal politique aussi fascinant qu’inquiétant, inspirant la crainte jusque dans son camp.

Rongé par la maladie depuis des années, Mitterrand arborait à la fin de sa vie un visage de plus en plus figé et impénétrab­le, pareil à un sphinx. La force tranquille, jusqu’au dernier souffle. Jérôme Provençal En 1982, lors d’une séance de pose pour le sculpteur Daniel Druet

documentai­re de William Karel. Lundi 14, 20 h 55, Arte

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