Les Inrockuptibles

“c’est quand même dingue comme vous n’êtes pas à l’aise pour parler de cul, Michel, avec les bouquins que vous écrivez, un peu de fantaisie à votre âge !”

Karine Le Marchand

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On évoque ensuite, va savoir pourquoi, la sexualité des escargots, escargots qui selon Karine Le Marchand “font des trucs dans l’oreille”. Houellebec­q fait les gros yeux, elle reprend. “C’est quand même dingue comme vous n’êtes pas à l’aise pour parler de cul, Michel, avec les bouquins que vous écrivez, un peu de fantaisie à votre âge !”. Houellebec­q répond qu’à son âge il se recentre sur ce qu’il sait faire, et que l’oreille ne fait pas partie de ses priorités. Rires. “Non mais j’aime beaucoup ce qu’écrit Michel, je le charrie.”

L’interview est interrompu­e par la reprise du tournage, mais Karine et Michel proposent de la poursuivre plus tard. Ce sera dans la plus grande intimité, on les laisse tous les deux pour un face-à-face final de huit minutes, que l’on n’écoutera qu’à Paris. Houellebec­q commence. “En vous attendant et en dormant devant la rivière, je me suis aperçu qu’on a un point commun qui est assez important et qui nous aide tous les deux dans nos carrières respective­s : on ne donne pas l’impression aux gens de les juger, du coup ils nous parlent en confiance. Les gens me parlent de leur vie avec une grande facilité, et ça m’aide beaucoup à écrire des romans.”

Karine Le Marchand : “Moi, je fais ça naturellem­ent, j’adore les détails de vies différente­s, mais aussi les aspiration­s communes, finalement. Pendant longtemps, j’ai essayé de devenir un individu singulier, et puis plus j’avance et plus j’ai besoin de me retrouver comme tout le monde, de vouloir vivre et partager des choses assez simples.” L’écrivain reprend : “Après Plateforme, j’ai interrogé des gens sur un sujet assez honteux, le tourisme sexuel, mais ils se confiaient à moi, je crois qu’on me fait confiance au sens propre, oui, comme à vous. Vous avez une vraie curiosité, une vraie bienveilla­nce, et c’est assez rare aujourd’hui. Ouais, je crois qu’on a vraiment ce point commun, Karine.”

Pour finir, Houellebec­q évoque ses grandspare­nts qui l’ont élevé, et qui ont pris leur retraite à la campagne, là où ils avaient eux-mêmes vécu leur jeunesse. “La campagne est un refuge. A mon sens, c’est cela qui fait le charme de l’émission”, note la présentatr­ice. “Oui, un refuge, c’est ça, c’est un refuge, la campagne”, conclut Houellebec­q, avant de laisser Karine Le Marchand tourner une dernière séquence, pour la retrouver quelques heures plus tard à la fête d’équipe qui va clore cette saison de L’amour est dans le pré. Michel Houellebec­q et Karine Le Marchand y partageron­t un peu de vin, des saucisses grillées et un poulet, attablés au milieu des danseurs, au son de Téléphone ou du I Love Rock’n’Roll de Joan Jett. Tout en laissant la nuit tomber, très doucement, sur Le Poudrier.

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