“L. A. n’a pas un centre mais plusieurs, autour desquels gravitent des scènes différentes”
Evan Burrows, batteur du groupe Wand
Sean Bohrman, le boss de Burger Records un soir. C’est le chill, un mode de vie au ralenti typique de Los Angeles où le moindre déplacement prend un temps inconsidéré et où le cannabis thérapeutique, légalisé en 1996, fait fureur. Au point de voir fleurir des green doctors et des cliniques spécialisées, reconnaissables à la croix verte placardée sur leur devanture. “Il te suffit de dire que tu fais des insomnies ou que t’as un peu mal au dos et tu as ton ordonnance”, nous explique Evan avec un sourire malin.
Mais Echo Park, avec ses bars à cocktails et ses boutiques American Apparel, est déjà dépassé. La scène rock de L. A. a pris ses quartiers du côté de Highland Park et Glassell Park, plus au nord, là où vivent Cory et Evan (ce dernier dans un ancien cabinet de dentiste reconverti en immense coloc). Contrairement à New York et San Francisco, construites sur un modèle européen, Los Angeles a l’avantage d’offrir un espace si étendu qu’il semble ne jamais pouvoir être totalement comblé, encourageant Echo Park
la conquête et le renouveau perpétuels, s’érigeant ainsi en symbole de liberté absolue. C’est l’éternel mythe américain de la frontière, apparu au moment de la ruée vers l’Ouest et qui ne cesse, depuis, d’irriguer les esprits angelenos et d’attirer des artistes en quête de respiration.
La photographe et mannequin suédoise Arvida Byström, 24 ans, a ainsi quitté Londres et ses loyers déraisonnables pour goûter au mode de vie de Los Angeles. Depuis deux ans, elle promène sa silhouette tout de rose vêtue dans les quartiers Est – où elle loue un studio photo –, un bob enfoncé sur sa tête blonde et les jambes volontairement poilues. Après avoir posé nue pour Richard Kern à 19 ans, elle collabore avec de grosses marques comme Adidas et développe surtout son propre univers visuel, féministe et pastel. Sa dernière série de photos immortalise Pamela Anderson en maillot une-pièce rouge sur un tapis en forme de coeur. Une réflexion sur Los Angeles, ses icônes et la dimension onirique de cette ville qui ressemble à un mirage au milieu du désert de Joshua Tree. “Comme Londres, New York est trop concentrée et stressante. A Los Angeles, tu passes ton temps à rencontrer des gens intéressants, qui créent. C’est passionnant. Mais je suis aussi venue ici parce que je suis tombée amoureuse d’une fille qui y vivait !”, lâche Arvida, mutine.
En l’absence de centre, tout devient possible. En février dernier, Hedi Slimane chargeait le label indé Burger Records d’organiser l’after-party