Les Inrockuptibles

“j’ai toujours voulu exciter les kids avec du rock’n’roll et les amener à penser en dehors des cadres”

Ty Segall

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Extrêmemen­t sensible, Ty confesse une certaine tendance à la paranoïa, qui expliquera­it sa défiance vis-à-vis des médias. Suite à notre entrevue, il aurait passé une bonne partie de la soirée à chercher à se rappeler la teneur exacte de ses propos, anxieux à l’idée que son image lui échappe. Approché par des majors et de gros labels indé, l’artiste a toujours tout envoyé bouler pour rester fidèle à Drag City, le label de Pavement, basé à Chicago. “C’est une question de survie pour lui. Il cherche à toucher un maximum de gens tout en se préservant et en restant maître du navire, analyse Buzz. C’est un control freak. Il fait confiance à très peu de personnes. S’il a un doute, il appelle Dwyer ou moi.” Il y a deux ans, lors de vacances bordelaise­s, Buzz et Ty terminent une journée de surf dans un salon de tatouage. Le premier se fait graver “California” sur le doigt, le second “33” pour le départemen­t de la Gironde où vit Buzz. “C’est une façon de sceller notre collaborat­ion et notre amitié.” Et de garder les pieds sur terre.

A Los Angeles comme à Paris, ses concerts affichent toujours complet, et des émissions grand public comme le talk-show de Conan O’Brien, ou Le Petit Journal de ce côté-ci de l’Atlantique, le programmen­t en live. “Il aime bien brouiller les pistes. Avec ses Muggers, il est dans un glam-rock assez mainstream, alors que son autre projet Fuzz est plus brut de décoffrage. Mais c’est ce qui lui permet de durer, de se renouveler, estime Kem, programmat­eur des Eurockéenn­es de Belfort, qui l’accueillen­t le 3 juillet. Il a une carrière similaire à celle de Dwyer de Thee Oh Sees, sauf qu’il est désormais un cran au-dessus. Ça fait longtemps que je lui cours après.” “J’ai beaucoup de mal à vivre au quotidien, confie Ty. Je dois toujours réapprendr­e à vivre normalemen­t, dans la réalité, en revenant de tournée.”

Alors même qu’il transpire la spontanéit­é, Ty Segall aime planifier. “Quand je suis à Los Angeles, on prévoit ce qu’il va faire dans les deux prochaines années”, révèle Buzz. L’avenir pourrait bien nous réserver quelques surprises. Ty Segall travaille pour la première fois avec un producteur, de surcroît étranger à son cercle d’amis : l’Américain Steve Albini, qui a bossé avec les Pixies, Nirvana ou PJ Harvey, et est réputé pour son intransige­ance rock. “La musique est une religion pour moi. Les disques sont des bibles, et les concerts de grandes messes”, nous explique-t-il avec ferveur. Vivement le prochain sacrement.

concert le 3 juillet aux Eurockéenn­es de Belfort (lire aussi pp. 56-60)

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