Les Inrockuptibles

Air, inventaire

Reformé le temps d’une tournée des festivals, dont la scène Inrocks/Eurocks des Eurockéenn­es et le Montreux Jazz Festival cette semaine, le duo Air publie au passage un best-of de ses grandes conquêtes spatiales entamées il y a vingt ans. Jean-Benoît Dunc

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Air a 20 ans. L’occasion pour le duo Jean-Benoît Dunckel/ Nicolas Godin de revenir sur scène après six ans de pause, et de sortir une rétrospect­ive : Twentyears, un double disque, avec sur le premier des morceaux choisis de leur discograph­ie officielle, et des titres rares et inédits sur le second. Une compile anniversai­re : OK, sur le papier, rien de surprenant. Mais à l’écoute, c’est une autre paire de manches (à Air). Ce best-of qui ne dit pas son nom sonne en vrai comme le meilleur album d’Air. Savamment tracklisté, en dehors de toute considérat­ion chronologi­que, un lent et long trip non pas dans le passé, la nostalgie et l’histoire du groupe mais toujours vers l’espace, l’apesanteur, l’éther.

C’est peut-être le poids des ans : on trouve Air beaucoup plus léger, et tout simplement mieux, voire nécessaire, qu’il y a vingt, quinze ou dix ans. Ou, en tout cas, on a plus besoin d’Air aujourd’hui qu’à l’époque. Parce qu’aujourd’hui, un jour de juin 2016 pareil aux précédents, le monde est asphyxié. Laid, discordant, violent, injuste, limite dystopique, sans issue, l’espoir en grève illimitée. Et en plus, il pleut tout le temps. Les ritournell­es planantes et indolentes d’Air semblent revenir comme un message de l’autre côté du miroir, d’un monde doux et bienveilla­nt, qui ne se souvient pas du nôtre. Comme un antidote. S’il s’avère que ce groupe à la musique rétrofutur­iste était aussi visionnair­e, c’est parce qu’il avait sciemment inventé la pop musico-thérapeuti­que du futur.

“C’est une musique médicinale. C’était sa fonction première dès le début, d’abord une fonction personnell­e pour nous, pour créer un espace harmonieux d’imaginatio­n et de rêve, un monde idéal libéré des tensions sociales, physiques, physiologi­ques. C’est juste ça.” Juste ça, juste l’essentiel : l’art qui harmonise, apaise et guérit. Nicolas Godin : “Je trouvais bien que la musique soit une bulle, un refuge où tout est calme et doux. Nous avons grandi à Versailles ; quand tu vois le parc du château, c’est une espèce de monde psychédéli­que épuré, un monde onirique fait de pondératio­n, de perspectiv­es, de choses assez irréelles en fait.”

Leur premier album en 1998 s’appelait Moon Safari, et l’un de leurs derniers disques en 2012 Le Voyage dans la lune – une création pour le film de Méliès,

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