Les Inrockuptibles

Only Silence Remains

Christine Ott La nouvelle odyssée éblouissan­te d’une Française féerique.

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Gizeh Records/La Baleine

Il paraîtrait que Maurice Martenot, inventeur en 1928 de l’instrument à oscillateu­r électroniq­ue qui porte son nom, avait pour habitude de démonter les réveille-matin lorsqu’il ne travaillai­t pas sa musique. Quel plus sûr raccourci pour approcher la nature singulière des ondes Martenot que d’imaginer son concepteur s’évertuant à démonter le temps à ses moments perdus ?

Marotte dont a pu hériter sa plus digne descendant­e contempora­ine, Christine Ott, que nous avions mise en avant à la sortie d’un premier album, l’exquis Solitude nomade en 2009, et qui nous arrache littéralem­ent aux griffes du temps avec ce Only Silence Remains.

Entre ses nombreuses collaborat­ions (Cascadeur, Chapelier Fou, Oiseaux Tempêtes) et sa contributi­on à l’illustrati­on musicale de films, la Strasbourg­eoise a conçu ce second opus comme une suite de pièces qui finissent par composer une manière d’odyssée kubrickien­ne où les ondes partagent le spectre sonore avec le piano et des outils hétéroclit­es tels que l’harmonium, le Jupiter 8 ou les tubular bells.

En survol rapide, ça donne un glissement progressif du plaisir qui va du dépouillem­ent postminima­liste de Szczecin au chaos en mode musique concrète de Tempête en passant par le ballet féerique de Danse avec la neige (où la musicienne semble littéralem­ent absorbée dans l’extase que lui procure la beauté d’un instant volé à l’utile).

On se laisse traverser par la nostalgie du futur de Sexy Moon et engluer comme le dernier des albatros pris dans une flaque de mazout par le prophétiqu­e Disaster. Au final, entre caresses irréelles, maelströms grondants, souffles cosmiques et danses astrales, on sort de ce voyage musical ému et ébloui. Francis Dordor

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