Les Inrockuptibles

Vain et lamentable

- Pierre Siankowski

Si le spectacle de la primaire à droite est absolument affligeant (pour vous en convaincre, allez voir les comptes Twitter de Jean-François Copé, Geoffroy Didier ou encore Hervé Mariton, mélange d’ego trip loser, de populisme rance et de bêtise crasse), celui à gauche l’est tout autant, et le pire c’est que l’on se demande encore si c’est bien de primaire qu’il s’agit, tellement c’est la panade.

Pour exemple, le raout des “frondeurs” à La Rochelle, les 10 et 11 septembre (à l’initiative du courant PS “A gauche pour gagner”, LOL), sorte d’excursion minable où à peine monté dans le train pour la CharenteMa­ritime on jouait déjà au chat et à la souris entre Arnaud Montebourg et Benoît Hamon – on sait que le premier est visiblemen­t candidat à la présidenti­elle, l’autre à la primaire de gauche (si elle a lieu inch’Allah, puisque Mélenchon, les communiste­s, les écologiste­s, et a priori Hollande n’en veulent pas). Faut-il s’attarder sur le cas de Gérard Filoche ou de Marie-Noëlle Lienemann – présents eux aussi à La Rochelle, et candidats à la primaire de gauche, suite, certaineme­nt, à un pari perdu ? La réponse est non bien entendu. A quelques mois de la présidenti­elle, tout le monde se sent pousser des ailes : on cite Jaurès, Gambetta, Mendès, Rocard (Cahuzac n’est pas seul) et parfois même Mitterrand. Les possibles sont immenses, Hollande est tout petit dans les sondages, la France est à reconquéri­r, il existe certaineme­nt une voie entre Daech, Sarkozy et le FN, les vocations se multiplien­t. Vain et lamentable.

Il aura fallu que la vigie Christiane Taubira intervienn­e avec ses mots – toujours justes – dans le Libé de lundi matin pour rafraîchir le melon de certains et dire “on va dans le mur” les mecs. L’élection présidenti­elle, devenue un vrai crochet de téléréalit­é depuis la mise en place du quinquenna­t, n’est pas un jeu ouvert aux 7 à 77 ans. C’est une chose importante à laquelle on se consacre un peu sérieuseme­nt – et non pas entre deux allers-retours chez Habitat ou au gouverneme­nt.

Personne n’est véritablem­ent obligé de voter pour François Hollande, ni d’aduler Jean-Luc Mélenchon. Les Verts ne sont pas mûrs, une fois de plus, c’est une certitude. Mais qui doit supporter ce spectacle affligeant offert par les “frondeurs” et apparentés le week-end dernier à La Rochelle ?

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