Lisa Hannigan At Swim
Troisième album d’une Irlandaise bouleversante, après cinq ans d’apnée.
E[PIAS] n pleine lumière, la jeune femme a oeuvré pour le cinéma d’animation, s’est improvisée journaliste en mode podcast, a connu la reconnaissance d’un deuxième album double platine. Et quitté Damien Rice. Dans l’intimité, du moins le suppose-t-on, la fille de Dublin (elle interprète ici a cappella un poème de Seamus Heaney) en a croqué des noires et des pas mûres, perdant des proches et un amour, et se liquéfiant dans ces deuils.
C’est exactement ce que l’histoire d’eau d’At Swim nous raconte : une drôle d’épopée en nage à contrecourant, où l’artiste en bave, certes, mais parvient en onze chansons à sublimer un romantisme récurrent pour offrir tout, et le reste. La finesse extraordinaire à évoquer les gens de peu, le chant bouleversant d’une femme de l’époque, des musiques comme un écrin translucide, et la capacité à rendre compatibles ses différentes racines (grosso modo, Maria Callas prenant le thé avec Piaf sur fond de rock alternatif).
Ce troisième album, produit par Aaron Dessner de The National, interrompant cinq années de silence en solo, utilise une polychromie bouleversante et met des couleurs dans nos vies à grands coups d’aplats virtuoses, un chant en apesanteur beau à pleurer et une instrumentation subliminale servie par un modeste piano ou quelques percussions. La beauté d’un diamant noir, et l’un des disques de l’année. Christian Larrède
concerts le 28 octobre à Louvain (Belgique), le 3 novembre à Paris (Flow) lisahannigan.ie