Qui veut tuer Bob Marley ?
Nouveau prodige des lettres jamaïcaines, Marlon James signe une saga phénoménale sur les affres de son île-poudrière.
Nattes soignées, regard sombre et barbe taillée, Marlon James a tout d’un natty, ces rastas qui portent des dreads, en argot jamaïcain. Gamin de Kingston, il est surtout le premier romancier du pays à rafler le prestigieux Man Booker Prize avec son troisième roman, Brève histoire de sept meurtres. Fresque monumentale à propos de la Jamaïque moderne, déroulée sur plus de vingt ans, le pavé de 864 pages avait cloué sur place la concurrence, Tom McCarthy notamment. C’était en 2015, et pour l’occasion James avait ceint son impressionnante crinière d’un élégant ruban rouge. Un prix comme un triomphe historique pour l’île, qui compte peu d’écrivains de stature internationale. Une consécration intime aussi, pour l’auteur de 45 ans qui avait failli abandonner l’écriture après avoir vu son premier manuscrit recalé soixante-dix-huit fois par les éditeurs américains.
C’est donc à sa formidable pugnacité autant qu’à sa langue enfiévrée que Marlon James doit aujourd’hui son statut de fer de lance exalté de la jeune garde des lettres jamaïcaines. Révélation de cette rentrée étrangère, il est le nouveau héraut des maux, splendeurs et misères d’un pays-poudrière sous influence.
“Ambush in the night/All guns aiming at me/ Ambush in the night/They opened fire on me/Ambush in the night/Planned by society/Ambush in the night/They are trying to conquer me.” Dans le morceau Ambush in the Night de l’album Survival, un autre héros à dreads chante la tentative d’assassinat qui faillit le laisser sur