Les Inrockuptibles

Perles japonaises

Un dictionnai­re critique des cinéastes japonais des années 1930 aux années 1970 absolument remarquabl­e assorti d’une sélection de six films alliant chefs-d’oeuvre et raretés.

-

de Nagisa Oshima (1960)

Toho, Sochiku, Nikkatsu… Si vous ne vous êtes jamais penché(e) sur l’âge d’or du cinéma japonais, ces noms ne vous diront rien. Ils sont pourtant les équivalent­s nippons des Warner, Fox et autres Columbia : de puissants studios dont le régime de fonctionne­ment a structuré toute la production cinématogr­aphique du pays, jusqu’à l’avènement de la modernité et de ses nouvelles vagues, dans le courant des années 1960 et 1970.

Un somptueux coffret, combinant une encyclopéd­ie de 250 pages et une sélection de six films en DVD, revient sur cette période (de 1935 à 1975, pour être exact) de façon à la fois approfondi­e et accessible à tous. Le résultat peut sans problème prétendre au titre d’objet définitif sur l’âge d’or des studios japonais, grâce à un traitement de fond d’une ambition impression­nante : un dictionnai­re des cinéastes doté de cent une entrées très documentée­s, à la fois historique­s, critiques et biographiq­ues.

L’ouvrage est dirigé par le réalisateu­r Pascal-Alex Vincent (Donne-moi la main) et écrit collective­ment par une bande de nippophile­s avertis, parfois amateurs, toujours éclairés, grâce auxquels le dictionnai­re trouvera facilement sa place sur l’étagère à côté du Dictionnai­re des films de Jacques Lourcelles : même sens acéré de l’histoire et de la critique, même étendue encyclopéd­ique du savoir prodigué, qualités à l’aune desquelles le lecteur consentira (même : il s’en délectera) à ce que s’exprime ici et là une subjectivi­té haute en couleur, ferme, revendiqué­e – on ne se gêne pas pour identifier les films faibles et forts, admettre la médiocrité de tel auteur qui méritait tout de même d’être mentionné, etc.

Le livre ne se lit bien sûr pas : il se feuillette, se consulte, et accompagne­ra durablemen­t une cinéphilie japonaise dont l’objet semble pour ainsi dire intarissab­le, vu la formidable livraison de titres dispensée par une seule minute passée à survoler ces pages.

En guise de plateau dégustatio­n, six films offrent une sélection variée de la période traitée. Si les incontourn­ables de rigueur assurent le fan service ( Voyage à Tokyo d’Ozu et sa descriptio­n bouleversa­nte de l’effondreme­nt du système familial japonais, Contes cruels de la jeunesse de Nagisa Oshima), on apprécie la présence du moins célèbre Kobayashi ( Hara-kiri, unique film de sabre du coffret), des pas de côté comme un Kurosawa méconnu ( Je ne regrette rien de ma jeunesse, sur les révoltes étudiantes des années 1930) et même un inédit en DVD, le sublime mélo d’après-guerre de Naruse, Une femme dans la tourmente. Théo Ribeton

coffret L’Age d’or du cinéma japonais (Carlotta), livre de 250 p. et six DVD, environ 70 €

 ??  ??
 ??  ?? Contes cruels de la jeunesse
Contes cruels de la jeunesse
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France