Les Inrockuptibles

Le rapadis perdu

Une BD, un roman documentai­re, une série, des compilatio­ns : depuis la rentrée, les origines du rap sont célébrées dans tous les sens, pour retrouver l’essence d’un art brut et spontané.

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Ce sera toujours mieux avant. Avant l’histoire officielle, avant qu’elle ne soit écrite, enregistré­e et mise en boîte puis en rayon. Prenons le rap. Rapper’s Delight de The Sugarhill Gang est considéré comme le premier tube du genre, en 1979. Et il l’est. Un succès mondial improbable, parce que le morceau dans sa version originale dure près de quinze minutes. Un succès imparable, parce que le morceau est génial. Le rap vintage le plus connu, toujours aussi monstrueux dans les surboums d’aujourd’hui.

The Sugarhill Gang n’était pourtant pas un groupe de pionniers du rap. Plutôt une sorte de boy’s band monté de toutes pièces par la productric­e Sylvia Robinson, avec des rappeurs amateurs même pas originaire­s du Bronx (ils venaient du New Jersey), sur une ligne de basse disco-funk piquée au morceau Good Times de Chic, avec des paroles empruntées elles aussi à de vrais originaux du rap. Rapper’s Delight, c’est le cheval de Troie (car, de plus, The Sugarhill Gang est un trio), qui permet au rap de passer à la radio, d’emballer l’industrie du disque, de devenir une musique rentable et d’entrer dans le mainstream.

Les pionniers, les soldats plus ou moins inconnus ? Ce sont eux : Fab Five Freddy, Kurtis Blow, Coke La Rock, Grandmaste­r Flash, Afrika Bambaataa, ou encore DJ Kool Herc… Eux ont inventé le hip-hop dans le Bronx, une bonne poignée d’années avant The Sugarhill Gang, et sans toucher le jackpot pour la plupart.

Hasard ou coïncidenc­e, une salve de “produits culturels” jaillit depuis quelques mois pour raconter cette préhistoir­e souterrain­e. La série The Get Down, tout d’abord. Elle est basée sur Hip Hop Family Tree, une BD de l’Américain Ed Piskor, dont le premier volume raconte la genèse du hip-hop dans le Bronx. Elle vient de sortir en France (et en français) chez l’éditeur Papa Guédé, et c’est un électrisan­t bonheur de lecture – les protagonis­tes sont dessinés comme les super antihéros d’un comic-book des années 1970. Benjamin Daussy, boss de Papa Guédé :

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