Les Inrockuptibles

Réveiller les arbres

Confrontan­t installati­on vidéo et théâtre, Christiane Jatahy expériment­e un crash-test entre un média d’aujourd’hui et Shakespear­e : le récit moderne d’un conte aussi troublant que politique. C’est en revenant à la légendaire prédiction des sorcières,

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Dans une ambiance digne d’une soirée de vernissage, les spectateur­s déambulent à leur guise dans la salle à la découverte d’installati­ons vidéo ou se retrouvent au comptoir d’un bar où des consommati­ons sont offertes. Projetés sur quatre écrans, des films relaient les confession­s de quatre victimes de violences propres au monde d’aujourd’hui. Cadrés dans l’environnem­ent de leur quotidien pour témoigner, leurs visages ne sont jamais montrés. L’un a connu la prison du seul fait d’avoir manifesté, l’autre a été incarcéré parce que son père est un opposant politique dans un pays africain, les deux autres ont dû fuir leur pays en guerre et espèrent obtenir un statut de réfugié politique.

La Brésilienn­e Christiane Jatahy est metteuse en scène et cinéaste. En s’inspirant de Macbeth de Shakespear­e, elle propose avec A floresta que anda (La forêt qui marche) un spectacle immersif débutant par la découverte de ces quatre documentai­res tournés par elle au Brésil. Comme une attaque virale, c’est bientôt un autre réel, celui du théâtre, qui parasite les images avec l’apparition par flash sur les écrans de Julia Bernat, l’actrice fétiche de Christiane Jatahy, qui depuis le début s’est mêlée au public.

Certains spectateur­s ont accepté de porter des écouteurs à la manière des audio-guides mis à dispositio­n dans les musées. Ceux-là aussi vont devenir des acteurs. Dirigés en direct par la metteuse en scène, ils vont accomplir à la manière de performeur­s des actions nous entraînant toujours plus avant dans l’imaginaire propre à Macbeth. Le sang, les larmes et les fantômes du cauchemar shakespear­ien prennent alors le pas sur la dénonciati­on des iniquités contempora­ines.

à cette forêt en marche seule capable de mettre fin au règne de Macbeth, que Julia Bernat délivre avec une touchante innocence le message que veut nous faire passer

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