Les Glorieuses, l’info sur et par les femmes

La newsletter Les Glorieuses vient de fêter son premier anniversaire et de dépasser la barre des 20 000 abonné(e)s. Un joli succès pour ce nouveau média qui se revendique féministe et intello.

Orgasme féminin, empowerment, sororité, afro-féminisme… Autant de thématiques qui traînent leurs clichés comme des casseroles et leurs zones d’ombres comme des mystères. Snobées par les médias traditionnels, elles se retrouvent caricaturées dans les films et la publicité. Reste aux médias féministes la lourde tâche de les dépoussiérer. Sur ce front, Rebecca Amsellem a pris les choses en main. A 27 ans, cette doctorante en économie a décidé de donner corps à son engagement féministe. Elle fonde Les Glorieuses en octobre 2015, une newsletter hebdomadaire qui ambitionne de “réinventer l’information sur les femmes”.

Au programme chaque semaine, un édito, une illustration et une revue de presse internationale pour corroborer son analyse “de femme blanche européenne” de points de vue étrangers, notamment d’Afrique et du Québec. Le ton est espiègle, le propos constructif. Non, toutes les femmes n’atteignent pas l’orgasme à chaque rapport sexuel. Oui, le burn-out au travail touche majoritairement les femmes. Oui, elles ont toujours du mal à prendre la parole en public. Et oui, on peut être célibataire et heureuse à 30 ans.

“La publicité et les discours politiques entretiennent une vision archaïque et culpabilisante de la femme, analyse Rebecca Amsellem. Elle doit être à la fois une mère, et une bonne mère, une employée accomplie, une cuisinière qui sait transmettre les traditions, une amante avertie, et tout cela en ayant un corps parfait.” Pour elle, la meilleure arme contre la culpabilité, c’est la littérature. Chez Les Glorieuses, on anéantit les idées reçues à coups d’Annie Ernaux, de Virginia Woolf et de Chimamanda Ngozi Adichie. On démocratise les idées des plus grandes écrivaines, et on en fait des icônes. “L’activisme, j’ai essayé, ce n’était pas pour moi, raconte la fondatrice. Les Glorieuses, c’est ma manière de militer pour la cause féministe, plus intellectuelle, mais pas moins concrète.”

Un mois après leur lancement, Les Glorieuses récoltent 15 000 signatures sur une pétition encourageant les femmes à se mobiliser contre le Front national. Plus récemment, l’application des Glorieuses a gagné un concours organisé par la Mairie de Paris et JCDecaux pour moderniser les abribus parisiens.

“Les Glorieuses répondent aux besoins exprimés par les Parisiens, les Franciliens et les touristes”, a estimé le jury. Au lieu d’attendre le bus les yeux dans le vague, on peut découvrir figures et associations féministes sur des écrans tactiles, et même tester ses connaissances dans un quizz. De quoi trouver des réparties pour les relous aux arrêts de bus. Clémentine Spiler