Les Inrockuptibles

“j’adore Jacno, James Murphy, Brigitte Fontaine et aussi Jean-Jacques Goldman. Je sais que c’est bizarre. Mais je n’y peux rien, c’est comme ça”

Fishbach

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KaS Product) et mainstream (Desireless, Rita Mitsouko). Dans la tête de Flora Fischback (la vraie orthograph­e de son nom), il n’existe pas de hiérarchie. “Le bon, le mauvais goût, c’est une limite qui change tout le temps, selon la perception des gens. J’en ai rien à faire. J’adore Jacno, James Murphy, Brigitte Fontaine et aussi Jean-Jacques Goldman. Je sais que c’est bizarre. Mais c’est un super compositeu­r, je n’y peux rien, c’est comme ça”, dit-elle en prenant le temps de préciser qu’elle n’a pas d’idole. “Je crois que je n’aime pas ce genre de rapport. Je peux être vraiment touchée bien sûr, mais davantage par des gens de la vie réelle, des moments. La première fois que j’ai vu Michelle Blades en concert (une des artistes qui l’accompagne­ra aux Trans), j’ai chialé.”

Flora n’est pas du genre à se laisser dicter ce qu’elle doit faire, penser ou aimer. A 15 ans, adolescent­e dans les Ardennes, elle quitte l’école. “Je m’ennuyais comme un rat mort, se souvient-elle. J’étais une enfant solitaire, peu sociable. J’ai beaucoup changé depuis.” Le lendemain, elle trouve un boulot dans un magasin de chaussures. “Le mec a trouvé que j’avais de l’audace. J’ai pu enfin être moi-même, me débrouille­r, et ne rien demander à personne. Je suis passée de solitaire à autonome.”

Deux ans plus tard, c’estun garçon guitariste de metal fusion qui, séduit par cette même audace, lui propose de former un groupe. “Il portait sa guitare super haut sur le torse. Il se faisait traiter de gay. Il m’a proposé de faire un truc. La scène m’excitait depuis toujours, j’ai dit oui.” Dans les Ardennes, où elle vit alors, leurs compos tranchent singulière­ment avec la culture rock et metal du coin. La première fois qu’elle joue du synthé, un gars lui lance : “C’est la musique de La Soupe aux choux, ton truc.” L’aventure dure quatre ans. Flora prend sérieuseme­nt goût à la compositio­n, à la scène, à cette liberté créatrice.

En janvier, elle sortira son premier album, qui rassemble des chansons composées ces trois dernières années entre Reims et Paris, où elle vit désormais. “Je viens de recevoir le master, on en est au tracklisti­ng. Je pourrais encore y passer six mois ou un an. C’est vraiment dur de lâcher.” Elle l’a produit elle-même, en s’adjoignant les services de Xavier Thiry, un des collaborat­eurs de La Féline, un garçon “doué d’un sens de la narration incroyable”, et d’Antoine Gaillet avec qui elle a enregistré les voix. Il y a des titres très produits et d’autres qui gardent le côté “petite nana qui fait ça toute seule avec un synthé pourri. J’ai voulu conserver ma façon de composer, j’y tiens”.

Aux Trans, elle en jouera une grande partie en avant-première, assortie de ses premiers titres, repimpés pour l’occasion, dans un live qui s’annonce déjà intense, empli de sonorités dark et néoromanti­ques. “J’adore le sublime du tragique. Dans le Nord, on a un côté comme ça à exploiter vraiment la misère, la tristesse. J’adore la pluie, par exemple. Ça mouille, ça fait chier. Mais c’est aussi d’une beauté extrême, ça lave la ville. Et c’est là, alors mieux vaut faire avec. Mes chansons sont un peu comme la pluie.”

ep Fishbach

(Entreprise)

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