La Fille de Brest d’Emmanuelle Bercot

L’affaire du Mediator racontée dans un film-dossier efficace, qui louche sur l’Erin Brockovich de Soderbergh. Bercot était revenue en pleine lumière en tant que réalisatrice avec

Adapté du livre d’Irène Frachon, courageuse médecin qui a révélé le scandale du Mediator en tenant tête à tous les lobbies médicaux, pharmaceutiques et politiques, ce nouveau film d’Emmanuelle Bercot s’inscrit dans la profuse lignée des filmsdossiers, des portraits de lanceurs d’alerte, des récits de combats de l’ombre opposant un individu isolé à un système puissant, un genre où se sont illustrés Sidney Lumet ou Costa-Gavras et dont l’étalon-or le plus récent et convaincant serait Erin Brockovich, seule contre tous.

S’il ne revêt pas tout à fait l’ampleur dramaturgique, l’énergie et la puissance de production du film de Steven Soderbergh, La Fille de Brest possède les qualités que l’on attend de ce genre : crédibilité de la reconstitution de l’affaire, rythme, suspense (qui tient plus aux méandres du chemin parcouru qu’à l’issue que l’on connaît), impact des comédiens, énergie du montage… sa limite étant qu’il ne dépasse pas ces attentes.

Au début, on est légèrement déstabilisé par l’accent danois de Sidse Babett Knudsen ( Borgen, L’Hermine…), parce que l’affaire du Mediator et Irène Frachon sont françaises, et surtout assez proches dans nos mémoires, et puis on s’y fait. Même si Bercot s’inspire d’une réalité connue de tous, la force de la comédienne et celle du récit finissent par s’imposer et par réduire à néant le désir de ressemblance, la vérité de la fiction l’emportant sur l’effet de réel.

La Tête haute, qui assénait sans nuance son volontarisme social. On préfère cette Fille de Brest pour son efficacité sans esbroufe mise au service de l’idée qu’un combat d’intérêt général mérite toujours d’être mené, même si on est seul(e). Serge Kaganski

La Fille de Brest d’Emmanuelle Bercot, avec Sidse Babett Knudsen, Benoît Magimel (Fr., 2016, 2 h 08) Sidse Babett Knudsen et Benoît Magimel