Guyane, la série
Plongée dans un univers de corruption et de violence, où l’or devient la plus puissante des drogues.
Après l’hilarant La Loi de la jungle d’Antonin Peretjatko, sorti en 2016, c’est au tour de Canal+ de choisir le décor moite et enivrant de la jungle amazonienne pour sa nouvelle série. Produite par Mascaret Films, Guyane est un western noir et sanglant autour de la quête de l’or. Vincent Ogier, son jeune héros, est un élève-ingénieur indiscipliné. Pour le punir, l’Ecole des mines l’envoie en stage à Cayenor, une entreprise d’exploitation aurifère corrompue. Il vole les coordonnées d’un filon qu’il exploitera sous le commandement du parrain de l’or local, Antoine Sera, joué par l’impeccable Olivier Rabourdin.
Réalisé par Kim Chapiron et Philippe Triboit, le scénario de Fabien Nury compose un univers de gangsters ultraviolents et d’aventuriers envoûtés par la recherche du précieux métal. Guyane raconte une quête obsessionnelle, entêtante, à laquelle il est impossible de mettre un terme malgré la folie meurtrière et le mercure qui pollue la forêt, l’eau et les corps. L’or devient religion aveuglante, illusoire, une drogue plus dure que la cocaïne, un poison aussi vicieux que l’héroïne. En faisant le choix de se focaliser sur la guerre des gangs, Guyane gagne en intensité ce qu’elle perd en description de la complexité et de la richesse de la société guyanaise, qui sert plus de décor qu’elle ne s’incarne. Une série noire efficace et moite.
Guyane saison 1, à partir du 23 janvier, 21 h, Canal+ “On ne connaît pas de mines responsables, c’est une des pires industries au monde. Dire que la mine est la solution pour le développement et le chômage des jeunes est un fantasme populaire”, indique un membre d’une association locale. De son côté, WWF alerte sur les forts enjeux environnementaux et sociaux. “Est-ce que la Guyane peut échapper à la malédiction des matières premières ? Est-ce que la présence de la France peut donner du minier responsable et éviter de suivre le chemin du très pauvre Suriname et de son minier dégueulasse ?, s’interroge Pascal Canfin, directeur du WWF France. Aujourd’hui, toute la question est de savoir quel modèle de développement va s’imposer en Guyane. Est-il possible de faire autre chose que du minier ou du offshore ? De valoriser le bloc naturel, comme le Costa Rica l’a fait en développant un tourisme durable ?” Il semblerait que cette option ne soit pas la priorité des politiques locaux.